Expositions d’avril
1, rue La Bruyère
75009 Paris
du 4 au 27 avril 2019
La Fondation Taylor fête le printemps avec un grand rendez-vous d’artistes, visibles aux rez-de-chaussée et sous-sol de l’établissement : Paul Gomez, en sculpture ; Nomah, en peinture, et Hélène Baumel, en gravure. Comme à l’habitude, une superbe exposition pluri-disciplinaire, où le talent ne se conteste pas.
Dans la boule de cristal (Cl. Gérard Robin)
Celui de Nomah, auteur de grandes huiles sur toile, mais qui semble rêver secrètement à s’adonner, puisqu’il est peintre, à la manière-noire… Bien sûr, pour nous, le cœur va en priorité à l’exposition estampière, avec une rétrospective d’Hélène Baumel, – prix Léon et Marie Navier en 2018 -, dont nous découvrons d’une manière insolite l’une de ses cimaises au travers d’une superbe boule de cristal enchâssée dans le bronze, magnifique création, entre autres superbes sculptures de Gonez, et que la photographie retiendra ici.
Quarante-trois œuvres illustrent l’impression forte qui sourd de son travail créatif, essentiellement des aquatintes pour la taille-douce, et quelques bois de fil ou linogravures pour la taille d’épargne, et mixant parfois même les deux techniques. Une artiste donc complète, qui excelle dans les deux manières tout en maintenant une grande cohérence d’expression. Les titres sont d’ailleurs évocateurs de sa sensibilité poétique, pour transcrire les paysages qui sont en flânerie dans son imaginaire : « Entre ciel et mer« , « D’eau et de glace« , « Ombre et Lumières« , « Marée verte« , « Marécages« ,… Faire un choix dans ces créations picturales est bien difficile pour l’amateur d’estampes.
On envie alors d’être l’un(e) de ses élèves, dans les cours qu’elle donne dans le cadre de l’Estampe de Chaville.
Le hall de la Fondation Taylor (Cl. Gérard Robin)
On sait aussi qu’elle n’est pas seulement attirée par l’évocation de ses propres visions, présentées dans l’estampe de cimaises, mais qu’elle cherche aussi à exprimer des images en partage d’autres sensibilités en harmonie, notamment au travers du verbe. La poésie interpelle son imaginaire, celui de poètes contemporains, comme Liliane Eve Brendel, Francine Caron, Danièle Corre, Jean-Marie de Crozals, Marcel Maillet, Roselyne Sibille et, bien sûr, avec Max Alhau, de l’Académie Mallarmé, qui dans une fidélité d’échanges, depuis 2001, donna naissance à plus d’une quinzaine d’ouvrage de bibliophilie, dont deux illustrés par des encres : « À la nuit montante« , en 2002, ou « Du bleu dans la mémoire« , en 2010.
Quelques paysages d’Hélène Baumel (Cl. Gérard Robin)
C’est ainsi qu’elle présente également à Taylor le livre d’artiste : « Terre secrète » (2017), dernier né de cette fidèle collaboration. Que du plaisir donc, à découvrir cette floraison d’œuvres, pour laquelle je laisserai la conclusion au regretté Pierre Séjournant : « Le charme de la taille indirecte en couleurs. La nature, un thème rémanent. Le style d’Hélène Baumel est caractérisé par des lignes qui évoquent le mouvement grâce à leur superposition et un large empiétement des couleurs contiguës, appliquées à la poupée, ce qui les enrichit mutuellement. Ses paysages allusifs reflètent la mouvance de l’instant.»
Gérard Robin