Un bout de lumière

Catherine Gillet
« Un bout de lumière »
Galerie de l’Échiquier
16 rue de l’Échiquier
75010 Paris
14 mars au 25 avril 2019

12 avril 2019 – 17h – Sous ce titre : « Un bout de lumière », la galerie de l’Échiquier présente une troisième exposition personnelle de Catherine Gillet. On connaissait ses séries de burin antérieurs où des menues choses germinatives prenaient vie sous ses traits, où des fluides tourbillonnaient au fond des pots, où des plis et des replis de peau cherchaient un contact ami, où des animalcules vibrionnaient sur ses plaques. La fécondité germinative, toute terrienne et rurale, était leur ressort profond. Entre celles-là et les gravures présentées ici aucune solution de continuité. Il s’agit ici du même ressort mais haussé à un niveau plus fondamental : celui des lentes érosions de la Terre par cet autre élément fondateur : l’eau.

Le recto du carton de l’exposition

Dans toutes les estampes, accrochées au rez de chaussée, explosent de remarquables lumières que font surgir les traits suaves, précis et répétés de Catherine Gillet. Lumières de la mer, tant ses érosions font naître gouffres, gours, ravines, rigoles, falaises, excavations ou de minuscules pores qui s’agglutinent plus loin, là où se faufile un trait qui cherche sa voie en contournant quelques brillantes gouttelettes. En contrepoint, quatre dessins où d’étranges créatures aquatiques montent vers ces lumières, accompagnent ces scintillantes estampes.

Au sous-sol, le visiteur trempe dans le même bain où le temps, qui érode, l’entraîne dans la rêverie, au-delà du miroir des apparences, au-delà de la virtuosité des traits d’un œuvre gravé ascendant.

12 avril 2019 – 18h – À l’occasion de cette exposition, Gallix Production, créateur de la série de documentaires « Impressions fortes » consacrée à l’estampe et de la série « Atelier de… », consacrée à des artistes graveurs contemporains, organisait, à deux pas de porte de la galerie de l’Échiquier, dans l’espace culturel chinois « Les temps du corps », une projection du documentaire, produit par Gallix et réalisé par Bertrand Renaudineau et Laurence Paton : « L’atelier de Catherine Gillet ».

Sans dévoiler l’essentiel du film qu’il faut avoir vu et, par conséquent, acquis en DVD pour mieux l’apprécier, on peut toutefois déceler trois éléments qui peuvent servir d’indice dans la découverte esthétique des œuvres accrochées aux cimaises de la galerie que l’on vient de quitter.

Le premier élément : la lumière ; elle baigne abondamment son vaste atelier au décor immaculé, presque janséniste voire monacal. Le second élément : l’eau, dont la présence est inattendue s’agissant de gravure au burin, ruisselle sur la plaque et perle sur son miroir. Le troisième élément : le toucher, dont le pouvoir s’invite dans le dessein originel, par la main et l’avant-bras qui étale un fluide noir sur le cuivre, puis, dans la caresse des creux, jusqu’au lissage du papier humide et au tirage final. Lentes érosions du temps qui s’écoule inexorablement et que le burin de Catherine Gillet fixe sur le métal.

Claude Bureau