Couleur noire : variations en noir et blanc

 

Kathleen Paddoon, Nakarra Nakarra, eau-forte, 2007

Cette exposition présentée fort élégamment, inaugurée jeudi 19, ne dure que jusqu’au 30 septembre. Il faut donc s’y précipiter pour découvrir une petite dizaine de tailles-douces exécutées au cours des quinze dernières années par autant d’artistes aborigènes. Nous sommes maintenant accoutumés aux œuvres vivement colorées des peintres autochtones australiens, mais leur talent si particulier s’exprime parfaitement avec l’encre noire. Thomas Martin, fondateur en 2016 d’une galerie virtuelle qui s’intéresse particulièrement à l’estampe, Art and Tracks, s’est ici associé avec Ghizlaine Jahidi qui, elle, propose quatre estampes de Jacques Muron à couper le souffle ainsi qu’une grande pièce de Christian Fossier et une lithographie de Hartung qui n’est pas la pire de son œuvre.

Maxime Préaud

Jacques Muron, Arcanes, burin, 1993

42 quai des Célestins à Paris (métro Pont-Marie ou Sully-Morland ou Saint-Paul), tous les jours de 11h à 13h et de 14h à 19h, nocturne jeudi et vendredi jusqu’à 22h. contact@galeriejahidi.com, tmartin@artandtracks.com

 

Belles histoires

 

« Le vieux fou de dessin » est une histoire racontée aux jeunes enfants à l’aide de textes et des illustrations de François Place. Le trait, la ligne claire, s’inscrit dans le monde japonais. Le tout narrant simplement la vie d’un vieux fou vivant à Edo, ville actuellement baptisée Tokyo, en 1980 avec les mœurs et les coutumes de ce temps et de ce pays. Le maître Hokusaï avec des éclats de rire explique à un jeune enfant sa passion : la gravure sur bois. Tous les outils sont dessinés en ligne claire à la manière de la BD belge ainsi que leurs manipulations : maillet, couteau, ciseaux à bois, baren, etc. Hokusaï entraîne son petit ami, devenu son apprenti, dans le monde de l’estampe.

Ce petit livre s’adresse aux enfants de huit ans, voire aux adultes, qui en grandissant sont souvent paralysés par la feuille blanche, comme nous aussi, artistes, ressentons parfois ce blocage. Les 108 pages comportent 16 chapitres d’une dizaine de pages pour faciliter leur lecture par de jeunes enfants. Je mets ce livre entre les mains des petits enfants ou de mes stagiaires lors de leur stage de gravure.
Édition Gallimard-Jeunesse 2° édition, 2008.

« Le maître des estampes », ce second livre est plus philosophique et tourne autour de la création, du temps et de l’intériorité avant la mise en œuvre d’une estampe. Il peut aussi s’adresser aux enfants car le texte est simple et très lisible. C’est aussi une réflexion sur les collectionneurs d’estampes. La narration est transposée dans une correspondance animaux-humains à la manière de La Fontaine : un cochon collectionneur et un artiste chien, le tout avec beaucoup d’humour.

L’histoire se noue donc entre le cochon-mandarin, imbu de son statut social et un simple chien, artiste, qui tout au long de sa vie cherche à maîtriser son geste, aiguisé par l’observation du modèle, et son ressenti intime. Le mandarin lui commande une estampe représentant un écureuil. Après une âpre discussion, sur le délai de livraison et la somme réclamée, l’affaire est conclue. Mais le temps, passe, passe… À vous de découvrir pourquoi !

La seconde partie du livre est consacrée à un carnet d’études sur la représentation d’un écureuil : croquis de mouvements, analyse et diverses techniques de figuration des poils, dessins graphiques de plus en plus synthétiques, analyse anatomique pour un meilleur rendu, mouvements liés à la technique de l’encre et du pinceau, etc.
Édition Seuil-Jeunesse, 2010.

Ces deux livres sont deux petits ouvrages que je ne peux dissocier car ils sont complémentaires. Ils s’adressent aux enfants ou aux étudiants en art mais aussi aux amoureux de l’art et aux néophytes.

Marie-Hélène Collinet-Baillon