Donation Hasegawa – exposition
1, rue La Bruyère
75009 Paris
4 au 27 avril 2019
L’événement, situé à l’étage supérieur dans l’atelier de la fondation, est lié à une donation d’estampes et dessins, faite par Janine Buffard et Yves Dodeman, œuvres de leur grand oncle, Kiyoshi Hasegawa (Yokohama,1891 – Paris, 1980). C’est un artiste qui, très jeune, se prit d’intérêt pour l’art occidental, qu’il étudia dès 1910 au travers du dessin et de la peinture aux académies Hakubakai et Hongo, à Tokyo, tout en s’essayant, par ailleurs et avec bonheur, à la gravure sur bois et sur cuivre. Mais, il lui fallait s’imprégner de cette autre culture en tentant le voyage. Il débarquera en France en 1919.
Une cinquantaine d’œuvres, de l’ébauche à la mine de plomb ou du lavis d’encre brune à la gravure correspondante, burin, pointe-sèche ou manière noire, eau-forte et aquatinte, racontent le parcours artistique de l’artiste, qui quitta le Japon, au final pour ne plus y revenir, passant par les États-Unis, et surtout rencontrant à Paris celle qui deviendra sa femme.
L »atelier de la fondation et la petite rotonde (Cl. Gérard Robin)
Dans la petite rotonde de l’atelier, quelques souvenirs évoquent le périple, dont sa grande malle. Des photos le présentent à différents moments de sa vie. C’est donc avec une certaine émotion que l’on peut découvrir cet artiste, sa maîtrise des manières de graver, en particulier celle de la manière noire, que quelques planches sous vitrine illustrent.
Sa qualité fera, entre autres et nombreuses récompenses ou distinctions, qu’il sera élu correspondant de l’Académie des Beaux-arts, en 1964 ; qu’il sera nommé commandeur de l’ordre du Trésor sacré du Japon, en 1967 ; que le maire de Yokohama, venu spécialement à Paris, lui remettra dans son atelier en 1976 le diplôme d’honneur et la clé d’or de la ville. En 1980, il sera récompensé du Prix Paul-Louis Weiller de l’Académie des Beaux-arts, et décèdera dans son atelier la même année. En 1981, un monument en hommage à l’artiste sera érigé à Naka-ku (Yokohama).
Dessins préparatoires et estampes (Cl. Gérard Robin)
Cette manifestation à la Fondation Taylor nous touche particulièrement, car porteuse de souvenirs. En effet, en 2012, lors d’une biennale que nous avions organisée dans le Sud Seine et Marne à l’Abbaye royale Notre-Dame de Cercanceaux, « Estamp’Art 77, Floraison d’ailleurs : le Japon », nous avions justement rendu hommage à ce grand artiste, qui s’exprima de manière remarquable en manière noire.
Parmi les manières noires présentées (Cl. Gérard Robin)
Et de citer, en conclusion du texte de présentation qu’Yves Dodeman avait rédigé pour le catalogue afférent, le commentaire final de Claude Bouret, conservateur en chef honoraire à la BnF, évoquant les natures mortes gravées de l’artiste : « Grâce à cette technique, Hasegawa accède à une sublimation poétique de l’éclairage et du modelé. Ses natures mortes énigmatiques sont mises en scène dans un espace de silence et de transparence cristalline. L’artiste nous conduit au seuil d’un mystère en nous proposant des symboles à déchiffrer. Renouant à sa manière avec la tradition des vanités, il s’interroge sur la destinée… Ainsi, au cœur de l’Occident, Hasegawa incarne t-il la sagesse de l’Extrême-Orient en déclarant : « Vérité, beauté, pureté, je pense que cette loi est immuable et universelle »
Donc, une visite à la Fondation Taylor à ne pas manquer !
Gérard Robin