« Embarquement immédiat »
Gravures de Francis Capdeboscq
Galerie l’Échiquier
16 rue de l’Échiquier
75010 Paris
27 février au 3 avril 2020
Les mondes enchantés dans lesquels les eaux-fortes savamment travaillées de Francis Capdeboscq nous entraînent brouillent tous nos repères. Commençons le voyage : à l’Embarcadère nimbé d’une lumière blanche qui rend les noirs de l’aquatinte encore plus profonds, et presque inquiétants, tout semble d’un calme magnifique. De sorte qu’une fois parvenu à la Lisière d’une forêt qui pleure, lavée de toute présence humaine à l’exception d’un couple sortant d’un arbre et d’un château fondu dans les nuages, on s’attend presque à voir surgir à l’aube de ce premier jour le lièvre de Rimbaud qui, « aussitôt que l’idée de Déluge se fut rassise… dit sa prière à l’arc-en-ciel… ».
« Bosch 500 », Francis Capdeboscq, aquatinte, eau-forte (Cl. Galerie l’Échiquier)
C’est bien à une fête païenne que nous sommes conviés, dans des grottes d’avant l’histoire qui grouillent d’animaux et de personnages réunis pour des cérémonies secrètes, ou des crèches où on Aime les bêtes. Francis Capdeboscq qui prend soin de nous donner quelques indices, Bosch, Dante, pour notre périple à l’intérieur de ces contrées habitées par les mythes et les récits bibliques, a un côté satanique et malicieux. Son Bethléem au titre inversé où une foule aussi nombreuse qu’en enfer se presse, juchée à même le toit, pour assister à l’événement, montre tous les protagonistes— de l’âne au bœuf en passant par de drôles de rois mages— sauf le principal…
Dans cet univers mis sens dessus-dessous par une imagination artistique qui mêle à l’envi les époques, les fables et les traditions, des saynettes ravissantes, sortes d’intermèdes, nous sont proposées, comme ces Jeunes voyageurs en tapis volant, ou ce charmant damoiseau vêtu de gris léger et tout droit sorti de la poésie courtoise : Je rêve de mains. Sans doute de mains virtuoses qui s’apprêtent à faire chanter les noirs et les blancs de nos songes les plus infernaux avec de douces morsures.
Laurence Paton
(avec l’aimable autorisation de la galerie de l’Échiquier)