Un voyage de plume et de pointe…

« Rivages enracinés, Anouck Faure,… »
15 novembre – 15 décembre 2018
Espace Carpeaux
15, boulevard Aristide-Briand
92400 Courbevoie

À la suite de nos salons sur l’estampe en Val de Loing, dans le Sud Seine & Marne, une étudiante, Anouck Faure, nous avait contacté pour découvrir les arcanes de la gravure, avec le souhait de faire un stage auprès d’un artiste de l’art. Une demande à priori difficile, sachant que l’artiste-graveur travaille, hors des séjours en atelier, d’une manière généralement solitaire, et ne peut accueillir facilement quelqu’un pour le former. Nous l’avions alors invitée à une exposition : « Le Théâtre du temps », faite en hommage au grand buriniste Louis-René Berge, – à l’espace Évolution Pierre Cardin -, afin de lui faire découvrir la gravure, et de cerner au mieux sa demande. Une occasion, aussi, de rencontrer des visiteurs artistes et les lui présenter… C’était en mai 2014.
Une opportunité se présenta avec la présence de Didier Mannonviller, des bien connus Ateliers Moret. Si l’atelier d’impression taille-douce est un lieu de concrétisation des estampes et de formation, c’est aussi un lieu de rencontres. Un espace idéal. Notre imprimeur accepta bien volontiers de la prendre en stage. Une relation professionnelle fructueuse s’installait…

« Rivages enracinés »
2018 –
Eau-forte sur cuivre (Cl. Gérard Robin)

Quatre années se sont passées jusqu’au reçu d’une invitation au voyage vers des « Rivages enracinés ». Un titre évocateur propre à nous emporter au-delà de l’océan, vers les archipels de Nouvelle-Calédonie… Avec, en plus, une révélation sur l’artiste. Anouck Faure semble manifestement inspirée au plus profond d’elle-même par les paysages de son enfance, « où l’océan embrasse la roche des montagnes et les racines des mangroves ». Mais, pour aller au-delà du souvenir, pour alimenter son imaginaire, elle a approfondi sa connaissance de la culture kanake – notamment à l’INALCO -, pénétrant l’univers des mythes cosmogoniques océaniens, où esprit, minéral et végétal s’interpénètrent.
Avec un talent affirmé, sans doute affiné lors de l’obtention d’un master en illustration et arts plastiques à l’École de Condé, elle s’exprime picturalement, tant à la plume qu’à la pointe, – au travers de l’eau-forte -, pour décrire ses propres paysages intérieurs. La taille d’épargne sur bois l’attire aussi.
Anouck vit et travaille à Paris. Si son cadre de vie est la métropole, sa source d’inspiration liée à ses racines s’enrichit des apports de son nouvel environnement, en particulier au travers d’une résidence d’artiste en Auvergne, au centre culturel Le Bief, à Ambert, non loin du moulin Richard de Bas.

« Rumia dans le néant »
2018 – Eau-forte, aquatinte, pointe sèche, papier de verre, sur cuivre
(Cl. Gérard Robin)

La gravure lui est devenue un champ d’investigations et de découvertes qu’elle désire expérimenter, pour s’en approprier les « manières » qui lui correspondent le plus. Si son dessin à la plume est prépondérant dans l’exposition, il s’impose naturellement, comme une suite ou plutôt une ouverture, sur la gravure. Son graphisme dessiné se prête d’ailleurs magnifiquement à la transcription, – et bien sûr à la création – sur planche. Cela avec une maturité technique dans ce qu’elle connaît déjà et maîtrise parfaitement, proposant au regard une qualité d’image remarquable, par le graphisme et la charge du ressenti.

Vue générale de l’exposition (Cl. Gérard Robin)

Remercions Philippe Lignier, directeur artistique de l’espace Carpeaux de Courbevoie, pour son choix, sans oublier Agathe de Louvigny, qui présenta l’artiste. À découvrir jusqu’à la mi-décembre.

Gérard Robin

Sous la coupole… la gravure

Académie des Beaux-arts
Palais de l’Institut de France
23, quai de Conti
75006 Paris

L’Académie des Beaux-arts est l’une des cinq académies de l’Institut de France. Elle est actrice de diverses missions culturelles et patrimoniales, dont le soutien à la création et l’encouragement des diverses expressions artistiques contemporaines. Neuf sections la composent : architecture, chorégraphie (créée en avril 2018), composition musicale, créations artistiques dans le cinéma et l’audiovisuel, membres libres, peinture, photographie, sculpture, et… gravure, celle-ci, forte de personnalités, académiciens et correspondants, telles que Pierre-Yves Trémois, Érik Desmazières, Astrid de La Forest, Pierre Collin, Claude-Jean Darmon, James McGarrel et Sylvie Patin. Chaque année, l’Académie donne le palmarès de ses prix et concours. Ce qui fut le 21 novembre 2018, lors d’une séance solennelle sous la Coupole, animée d’interventions musicales et d’un discours intitulé « Interpréter, est-ce créer ? ».

Une vue de la cérémonie (Cl. Gérard Robin)

Après le cérémonial d’arrivée des membres et correspondants, en présence de la Garde républicaine, – instant toujours impressionnant pour le spectateur occasionnel -, précédant l’ouverture de séance par le président, Patrick de Carolis, en présence du vice-président, Pierre Carron, et de Laurent Petitgirard, secrétaire perpétuel, eut lieu la proclamation par le second du palmarès des récompenses, invitant chaque artiste à venir recevoir son prix.
Parmi les nombreux prix récompensant des personnalités liées aux différents domaines, six furent attribués en gravure : Le Prix Pierre Cardin à Camille Oarda ; le Prix Mario Avati à Jan Vičar ; le Prix Paul-Louis Weiller à Sophie Dutertre ; le Prix Frédéric et Jean de Vernon à Thomas Fouque ; le Prix Bréauté à Isabelle Beauchamp ; et enfin le Prix des Fondations Roux et Tronchet, destiné à encourager de jeunes artistes, à María Chillón. Des récompenses de prestige qui montrent la considération portée à l’estampe, au travers de la gravure, et sa présence marquante au sein des arts.

Gérard Robin

Dominique Moindraut et Cie

« Les chemins du carton gravé
Dominique Moindraut et Cie »
16 novembre au 6 décembre 2018
Galerie « L’entr@cte »
3-5 rue de Versailles
92310 Ville d’Avray

Le chemin que suit le visiteur de cette exposition passe d’abord par une sorte d’antichambre où trône un portrait de Dominique Moindraut, dans les tons chauds qui lui sont chers, présenté dans un improbable et remarquable cadre doré. C’est une gravure sur matrice carton de Julien Mélique, un des fondateurs de « Carton Extrême Carton ».

L’entrée de l’exposition (Cl. Pascale Simonet)

Deux salles sont consacrées à une sélection d’œuvres de Dominique Moindraut, qui ont comme support de création le carton, unique matrice d’estampe de l’artiste. Elles jalonnent les trois décennies de son parcours de graveur. De l’étonnant « Au-delà des limites », tout en gris rythmé de noir et blanc, à l’éblouissement de la couleur en majesté de « Vibrations 11 » ou de « Faille X », le travail de Dominique Moindraut révèle sa démarche atypique et tenace.

Une des salles de l’exposition (Cl. Pascale Simonet)

Dans une autre salle, sont exposées les œuvres de vingt-quatre invités, familiers du carton ou adeptes ponctuels, qui présentent estampes, œuvres en volume, livres réalisés à partir d’impression de plaques de carton gravé. Témoignages éclatants de la richesse du matériau. Plus loin, sur un mur discret sont accrochées les gravures de quatorze résidents de « Vivre ensemble », institution qui abrite l’atelier où Dominique Moindraut partage son expérience.
Disposées dans toutes les salles, au mur ou sur un mobilier en carton conçu et réalisé pour l’exposition, se trouvent les dédicaces : autant d’énigmes gravées, messages d’amitié dédiés à des compagnons de route.

Quelques unes des dédicaces (Cl. Pascale Simonet)

Parcourir « les chemins du carton gravé », c’est découvrir une exposition limpide, stimulante et chaleureuse.

Josiane Guillet