Forêts

Une vue de l’exposition (Cl. Claude Bureau)

du 14 au 25 mars 2023
Mairie du VIIIe arrondissement
56 boulevard Malesherbes 75008 Paris

Les édifices haussmanniens qui abritent les mairies d’arrondissement parisiennes comportent dans leurs décors pompiers de belles salles d’exposition. Celle de la mairie du huitième, située derrière le chevet de l’église Saint-Augustin, est l’une d’entre elles et, contrairement à son vestibule par lequel on accède, présente une décoration sobre, claire et discrète avec un éclairage approprié pour mettre en valeur les œuvres exposées. Dans cet endroit, le Conseil national français des arts plastiques –– qu’il ne faut pas confondre avec le Conseil national des arts plastiques, organisme d’État de la République française qui dépend du Ministère de la Culture –– à l’occasion de la Journée internationale de la forêt 2023 organisée par les Nations Unies (ONU), a proposé sur ce thème cette exposition pluridisciplinaire de peintures, dessins, estampes, sculptures, photographies et installations.

Bien entendu, les travaux proposés devaient évoquer ce thème : « Forêts », choisi par les organisateurs. Pour les visiteurs, le titre d’une exposition induit toujours une attente que le parcours de la visite ne parvient pas pleinement à satisfaire. Souvent, le fil qui relie les œuvres au thème est très ténu. Cette exposition hétérogène ne déroge pas à ce constat. Pourtant certains de ces travaux répondaient à mon avis au programme qu’induisaient les diverses significations du mot forêt. Comme, par exemple, « Fragments de forêt » de Rosa Burdeos qui avait superposé quatre estampes découpées et marouflées : en fond une tampographie en camaïeu de verts d’un arbre gravé sur linoléum, ensuite des feuilles et des fleurs, puis des éléments architectoniques suggérant une invasion urbaine dans ce végétal. Ou bien une autre tampographie en kakemono de Lurdi Blauth « Carence (carência) » avec de grosses graines bistres gravées sur linoleum elles aussi qui évoquaient soit l’avare accumulation d’un grenier spéculatif soit les germes d’une potentielle nouvelle forêt.

À droite « Carence (carência) » de Lurdi Blauth (Cl. Claude Bureau)

Plus énigmatique était le quadriptyque d’Éric Fourmestraux intitulé « Forêt noire », composé d’une estampe aux caractères typographiques embossés où l’on pouvait lire : « Stop shaving every-thing » et de trois très subtils dessins au crayon graphite. Sur le premier une main paume ouverte avec son avant-bras, sur le second le bras et l’aisselle qui le supporte et sur le troisième une forêt de minuscules signes. Il fallait alors lire le cartel qui les accompagnait pour saisir toute la charge érotique du slogan ainsi imprimé et des images qui l’entouraient. L’art contemporain use parfois de détours textuels où se perd l’émotion que sait faire naître un simple regard.

Claude Bureau