Il est un travers bien français : la manie réglementaire administrative d’État. Une chose n’existe que si on l’a réglementairement nommée. La chose devient alors certaine. Quant à l’innommée, elle reste dans les limbes de l’inexistence. Ce travers d’antiques origines perdure aujourd’hui. La Fête de l’estampe célèbre l’anniversaire de l’arrêt dit « de Saint-Jean-de-Luz », rendu en Conseil d’État le 26 mai 1660 grâce au mémoire introduit par Nanteuil. Cet arrêt a fait échapper1 l’estampe et ceux qui la pratiquent à l’emprise des corporations de métiers. Par cet arrêt, le Roy déclarait maintenir tous ceux qui font profession de l’art de la gravure « en la liberté qu’ils ont toujours eue de l’exercer dans le Royaume, sans qu’ils puissent être réduits en Maîtrise ni corps de métier, ni sujets à autre règle ni contrôle. » N’étant par cet arrêt ni ici ni là; ni dans les Beaux-Arts, monopole des Académies, ni dans les métiers, monopole des corporations, l’estampe pouvaient donc jouir d’un bel espace de liberté. Toutefois, l’estampe entrait ainsi dans la convoitise de ces deux puissances : les Beaux-Arts ou les métiers dont on avait ignoré les monopoles. Elles allaient alors se disputer leur souveraineté sur cette belle innommée qui avait esquivé de peu la nomenclature de l’État. Continuer la lecture de « Estampe : art ou métier ? »
Traits d’union
Une vue de la salle et de la mezzanine du Vieux-Colombier
(Cl. Claude Bureau)
« Traits d’union »
Exposition de la « Jeune gravure contemporaine »
Mairie de Paris VIe
15 février au 8 mars 2025
En cette fin d’après midi après la foule du Grand-Palais, la rue et la place Saint-Sulpice paraissaient bien calmes. Les couloirs de la mairie de Paris VIe baignaient dans une douce torpeur administrative. Loin du brouhaha urbain, la salle du Vieux-Colombier au deuxième étage, éclairée par des lumières précises, accueillait quelques visiteurs silencieux et attentifs aux estampes qu’ils regardaient. Habituée des lieux l’association « La jeune gravure contemporaine » organise là l’édition 2025 de sa biennale. Le thème qui rassemble dans cette salle et sa mezzanine les quarante-deux sociétaires et leurs invités, s’intitule « Traits d’union ». Pour le faire vivre ou l’illustrer les artistes ont accroché côte à côte verticalement ou horizontalement – sauf Éric Fourmestraux qui les présentait en un retable que l’on pouvait ouvrir– trois estampes.
Art métropolitain
Une vue de la section gravure des « Artistes français »
(Cl. Claude Bureau)
« Art capital »
Grand-Palais Paris VIIIe
19 au 22 février 2025
En cette dernière quinzaine de février 2025 la métropole parisienne offrait abondamment à ceux qui se passionnent pour l’art de l’estampe l’occasion de rassasier leurs regards. Qu’on en juge : « Art Capital » au Grand-Palais, Damien Deroubaix à la BnF, « Illusions (conjugales)… » à la Maison Balzac, « Figures » à la galerie Anaphora, Gilles Martin-Lecointe à la Fondation Taylor, « Traits d’union de la JGC » à la mairie du VIe, etc. Devant cet abondance, le choix était embarrassant. Aller admirer la verrière du Grand-Palais rénové et son architecture de fer repeinte en vert céladon sur l’ocre lumineux de ses murs était bien tentant. Une visite sur la rive droite de la Seine peut-être suivie d’une autre sur sur sa rive gauche s’imposaient ce jour-là. D’autant plus que l’évènement ne durait que quatre jours. Continuer la lecture de « Art métropolitain »