Estampe et stampassin

Un lecteur a reproché à la rédaction de “Vu et lu… pour vous” d’avoir publié, le 19 novembre 2019, un écho titré “Nouveau vocable”. sous la catégorie “Entendu… pour vous” et qui rapportait la proposition du vocable stampassin, émise par Maxime Préaud.  Comme l’indique l’avertissement au lecteur, publié en bas de page, : “Ce blog “Vu et lu… pour vous”, édité par Manifestampe – Fédération nationale de l’estampe, n’est pas responsable des textes, illustrations, dessins ou photocopies qui engagent la seule responsabilité de leurs auteurs.” Cependant, s’agissant ici d’une bien innocente innovation de vocabulaire, la rédaction apporte à ses fidèles lecteurs quelques précisions ci-après.

Deux spadassins illustres gravés par un célèbre stampassin :
Jacques Callot (Cl. Gallica 2012)

La langue française emprunte souvent aux idiomes voisins ou exotiques des mots nouveaux pour enrichir son vocabulaire. On pourra lire avec profit, à ce sujet, l’excellent ouvrage “Les mots voyageurs” de Marie Treps paru aux éditions du Seuil en 2003.

Comme le consigne le “Dictionnaire alphabétique et analogique de la langue française” de Paul Robert, édité en 1969, tome 2, page 647, dans son sens II, estampe signifie : “(repris de l’italien stampa au XVI° siècle) : image imprimée au moyen d’une planche de bois ou de cuivre (eau-forte, taille-douce…) ou par lithographie.”

On peut ajouter à cette définition, datant d’un demi-siècle, bien d’autres procédés : sérigraphie, linogravure, pochoir, héliogravure, cartongraphie, collagraphie, carborundum, offset, kitchen-litho, procédés numériques, procédés combinés des précédents, etc. Bref, tous ceux que l’imagination humaine est capable d’inventer. On remarquera qu’à la fin du XIX° siècle, à l’encontre des procédés industriels photo-mécaniques, est né le concept : “estampe originale”, c’est à dire une estampe dont la matrice est fabriquée à la main par des procédés traditionnels (jusqu’à la lithographie) sur un sujet imaginé par le graveur, le plus souvent artiste-peintre, par ailleurs. Aujourd’hui, estampe désigne une image imprimée quel que soit le procédé employé pour l’obtenir à l’exception de la photographie qui se revendique comme telle.

Par abus de langage, a été conservé, pour désigner celui ou celle qui crée et fabrique une estampe, le mot graveur alors que bien des estampes d’aujourd’hui ne sont pas gravées à proprement parler. Les Anglo-Saxons, plus pragmatiques que les francophones, utilisent : “printmaker”, littéralement : “faiseur d’imprimés”.

Comme la “spada” italienne (épée) a permis en français le mot spadassin, il a donc été lancé par Maxime Préaud, avec la même généalogie italienne issue de “stampa” (estampe), le vocable : stampassin (faiseur d’estampes) et tous ses dérivés grammaticaux.

Il s’agit là seulement d’un mot de plus dans le vocabulaire de l’estampe. Il fera son chemin ou pas et, sanctionné par l’usage, il pourra alors désigner tous ceux qui créent et fabriquent des estampes.

La rédaction