Salon artistes français 2019

13 au 17 février
Art Capital
Grand Palais
Avenue Winston Churchill – 75008 Paris

La Société des artistes français (SAF), présidée par Martine Delaleur présentait, dans le cadre d’Art Capital au Grand-Palais, son Salon 2019, une manifestation qui prend ses racines à la fin du XVIIe siècle, et qui est, en fait, la 229e édition sous sa dénomination actuelle. Un passé de prestige qui a traversé plusieurs siècles et qui se doit être exigence de qualité. Comme l’écrit la présidente dans l’édito de son catalogue : « [Le Salon] continue d’évoluer et présente plus de 650 artistes émergeants ou confirmés de toutes nationalités, en conservant son jury élu dont la sélection est basée sur la créativité et l’originalité.» Et précisant : « Les secrets de la longue histoire du Salon des Artistes Français ? Explorer, découvrir, partager, s’émerveiller. »

Entrée du Grand-Palais (Cl. Gérard Robin)

Une bonne introduction pour découvrir la section Gravure, dont le nouveau président est Guy Braun (médaille d’honneur 2017), partageant le choix des exposants avec les autres sociétaires Isabelle de Font Reaulx, Yves Marchaux (médaille d’honneur 2015) et Claude Tournon (médaille d’honneur 2008), président sortant.

Chaque prise de fonction est porteuse de changements ou d’innovations. Pour cette première de Guy Braun, c’est visible au premier abord avec une entrée originale, par un panneau vertical noir avec un grande cuivre où le mot “GRAVURE” a été découpé non pas au laser, mais sous jet d’eau haute pression (par Tartaix Métaux et Outillages), les lettres récupérées ayant été fixées dans le désordre autour de belles planches gravées. C’est original et du plus bel effet, sorte de totem marquant l’entrée d’un lieu d’exposition plus aéré que d’habitude et bien composé par Guy, avec un accrochage en cimaises propre à mettre en valeur les différentes œuvres, avec un espace d’accueil du public,

Le totem d’entrée (Cl. Gérard Robin)

Voilà pour la présentation générale, dans laquelle 45 artistes exposaient leurs œuvres, et que l’on découvrit sous la verrière alors agréablement ensoleillée du Grand Palais. Un ensemble d’artistes dont plusieurs déjà primés, entourant quelques autres d’une facture parfois un peu inégale mais pleine de promesses.

On est tout de suite séduit par Manuel Jumeau, médaille d’honneur 2018, qui présente un florilège de manières noires, diverses mais porteuses d’une même facture. Jean-Baptiste Rigail en écrit : « Graveur de l’imaginaire, cet artiste ne cherche pas à imposer une vision unique à ses spectateurs mais à leur donner une possibilité d’évasion, de réflexion, de contemplation, voire d’appropriation dans un échange intime avec ses gravures. Celles-ci traduisent les sensibilités de l’artiste et peuvent être apaisantes comme torturées, sombres comme drôles, foisonnantes comme minimalistes. Son œuvre poétique et onirique, où les arbres et les cieux sont omniprésents, empreinte parfois une filiation symboliste ou surréaliste. »

Espace réservé à Manuel Jumeau (Cl. Gérard Robin)

Cette année, la médaille d’honneur, qui récompense tout un œuvre, a été attribuée, pour ses aquatintes au sucre, qui expriment tant d’intensités d’être et de virances intérieures, à Véronique Laurent-Denieuil, une distinction amplement méritée. Pour les autres prix, la médaille d’or a distingué Frédérique Galey Jacob, pour des eaux-fortes d’atmosphère ; celle d’argent à été attribuée à Caroline Lesgourgues, pour ses collagraphies sur carton, et à Armelle Magnier pour des burins dont je retiendrai surtout la mémoire d’une “Vire et volte” à la gravure fluide et musicale cernée de gaufrages ; celle de bronze à Consuelo Barbosa, pour ses architectures urbaines en contre-jour ; à Yannick Dublineau pour ses pointes sèches aquatintées ; à Jullien-Clément pour ses pointes-sèches sur zinc. Quant aux prix privés : prix Hahnemühle à Isabelle Delamarre ; prix Charbonnel à Bruno Spadaro ; prix Moret-Manonviller à Marie-Laure Gueguen ; prix Tartaix à Nayla Hitti et prix Taylor à Sergio Portugal.

Exercice toujours délicat, quelques coups de cœur avant de conclure. Ainsi pour “Une beauté” attendrissante, “autolithographie” du russe Aleksei Bobruvov ; pour une “Inertie” lumineuse au burin de Marianne de Nayer ; pour les “Bords de Loire” bleutés, xylographiés à bois perdus par Nicole Guezou ; pour un superbe “Rondo cinétique” en manière noire de Michèle Joffrion (médaille d’honneur 2014) ; pour le “Cueilleur d’ondes”, burin à la fibre poétique de Rem ; pour un “Duo” chorégraphique couleur passion d’Ève Stein (une artiste dont on est surpris qu’elle n’ait jamais été distinguée dans le Salon !) ; pour “Poursuite”, eau-forte pleine de minéralité de Claude Tournon, qui nous porte aux premiers temps de nos origines humaines et picturales, et clos cette évocation.

Gérard Robin