Salon Art & Matière

Quarante-cinquième Salon Art & Matière
dans le département de l’Essonne (91)
du 25 janvier au 2 février 2020

Une fois de plus, nous voici au cœur de ce petit salon pluridisciplinaire rural, “Art & Matière”, placé sous le patronage du président du Conseil départemental de l’Essonne, François Durovray, et qui, à l’image de la grande triennale du petit format de Chamalières, présente ses disciplines dans diverses communes du sud de l’Essonne, au long de la D449 : Boigneville, Maisse, Prunay-sur-Essonne, Vayres-sur-Essonne, et Gironville-sur-Essonne, cette dernière dévolue principalement à l’estampe. Avec un regard qui apprécie les artistes présents, réunis par la présidente et graveuse Caroline Delépine, dont certaines signatures nous sont bien sûr connues, et qui séduisent toujours par leur qualité picturale. Après Jean Lodge,  c’est Sophie Sirot, fidèle de l’Atelier de Chaville, qui en est l’invitée d’honneur. Des visions pleines de fraîcheur, de charme et de sérénité, dont j’avais écrit, pour l’un de ses catalogues : « Ses images sont emplies de vie, de gens qui passent, regardent ou se joignent. Le souffle de son inspiration, elle le prend dans la présence d’un vent complice, invisible, qui traverse invariablement ses estampes, animant les divers éléments du paysage, mais aussi suggérée par le mouvement révélateur des vêtements des personnages, très fluides pour les femmes, volontairement de style “retro” pour mieux l’exprimer, tout en laissant poindre une impression intemporelle »… « L’œuvre de Sophie Sirot, qu’elle soit peintre ou graveuse, enchante avec la même force. Il y a une correspondance intime entre elles, une même vibration, cette petite musique de l’âme qui lui sied si bien. » C’est pourquoi elle fut l’invitée en 2019 du salon de Souppes-sur-Loing, en Seine & Marne, “Cimaises 77, Les Chants du Signe”, où musique et tailles étaient en correspondance.

Une vue d’une partie de l’exposition (Cl. Gérard Robin)

L’accompagnant, citons : Sophie Cordey, plus peintre que graveuse, puisque exprimant en toute liberté des mouvements fluides de couleurs au travers du monotype ; François Dubois, qui accompagne ses eaux-fortes de burin, voire de pointe sèche, au regard des “verticales des troncs” et des “courbes des branches” et à l’écoute de leurs chuchotements ; Sylvie Dujoncquoy et des aquatintes d’atmosphère, dont je retiendrai “The Posting Box” ; Abderrahmane Mada, où l’aquatinte donne une force extraordinaire à ses visions méditerranéennes pastorales, entre ombres et lumières, et où le coup de cœur ne sait que choisir : “Transhumance”, “Cueillette des olives”, etc. Isabelle Panaud, dont je retiendrais le triptyque en manière noire “3 plumes”, mais qui excelle en pointe sèche, et maîtrise l’héliogravure dans de belles “Meta-Morphosis/de l’un à l’autre”, créant la symbiose entre l’ornithologie pollinisatrice et le végétal ; Mika Shibu qui apporte sa sensibilité extrême orientale dans des visions délicates, parfois mises en relief par des gaufrages ; Angeles Testera, où la pointe sèche sur cuivre évoque avec délicatesse, parfois sur Chine collé, ses rencontres des bords de chemin, marguerites, papillons, ombelles, odes graphiques qui ont de quoi séduire chacun ; Michel Ziegler, par ailleurs professeur de gravure à l’école polytechnique de Palaiseau depuis 2013, qui marie en harmonie le vernis mou et la pointe sèche, et donne envie de découvrir ce Château de la Saussaye, à Vert le Grand, où, je crois, il participe à des manifestations d’art : coups de cœur, entre autres, pour “Sous bois” ou “Allée de la Saussaye”. Enfin, pour l’artisanat d’art, Odile Touchais-Leriche, qui présente des créations diverses, dont des gravures (sur cuivre ou zinc), imprimées sur textile.

au vernissage, de gauche à droite : le vice-président d’Art & Matière, Albert Duchesnes ; Sophie Sirot ; le maire de Gironville, Alain Joyez et la présidente de l’association, Caroline Delépine. (Cl. Gérard Robin)

Deux prix furent attribués, en dehors d’un prix du public à venir en fin d’exposition : le prix de l’Office de tourisme du canton de Milly-la-Forêt, à Abderrahmane Mada, et le prix Lantara, offert par le parc régional du Gâtinais français, à Isabelle Panaud. Une visite de salon qui, pour reprendre un mot du maire de Gironville sur Essonne, Alain Joyez, lors du vernissage, “enchante” le regard et donne l’envie d’estampes.

Gérard Robin