Rencontres au Salon d’automne

Projection et conférence
Salon d’automne
Champs Élysées – 75008 Paris
11 et 12 octobre 2019

La section gravure était à l’honneur, cette année encore, dans le programme culturel du Salon d’automne, avec la proposition de deux séances, une projection et une conférence, consacrées à la gravure.

“L’Académie des Sciences et des Beaux Arts, dédiée au Roy”
Sébastien Leclerc

eau-forte et burin [1698] – 24,8 x 38,4 cm

Le vendredi 11 octobre, la projection du film de Bertrand Renaudineau : “L’Académie des Sciences et des Beaux-Arts”, un éclairage inédit sur une impressionnante eau-forte (et burin) de Sébastien Leclerc [1637-1714], gravée en 1698 et dédiée à Louis XIV, qui représente une académie imaginaire idéale réunissant les sciences et les arts ; on y dénombre 162 personnages et de multiples machines. Un film, rappelons-le, qui s’insère dans la collection des films des éditions Gallix, “Impressions fortes”, de Bertrand Renaudineau et Gérard-Emmanuel da Silva, consacrés aux grandes œuvres de la gravure, des origines à nos jours, dans un choix judicieux effectué avec le concours de Maxime Préaud, conservateur général honoraire au département des estampes de la BnF, lequel, spécialiste de cette époque, y décrypte les multiples significations de l’estampe de Leclerc. S’y ajoute l’intervention posthume de l’artiste franco-suisse Jürg Kreienbühl [1932-2007], qui porte un regard critique sur les conséquences du progrès scientifique. Un documentaire à découvrir absolument !


“Un groupe de cinq personnages” ou “L’Homme désespéré”
Albrecht Dürer
eau-forte sur fer [≈1515] – 18,4 x 13,6 cm –

Le samedi 12 octobre, une conférence de Claude-Jean Darmon, président de la section gravure du Salon d’automne et correspondant de l’Institut de France (Académie des beaux-arts), intitulée : « Les eaux-fortes méconnues de Dürer à l’aune de ses burins » était proposée. Dans la présentation de l’intervention, sous forme de diaporama, on pouvait lire : “Les illustres gravures au burin de Dürer font oublier que ce créateur a ponctuellement réalisé sur fer un petit nombre d’eaux-fortes novatrices qui comptent parmi les toutes premières de l’histoire de l’estampe. D’où leur importance. C’est cet aspect rarement mis en lumière de son œuvre que je vais évoquer. Par le jeu des comparaisons, allusions, réminiscences et filiations, les œuvres de dix artistes autour de Dürer animeront la projection : Bonasone, Bracquemond, Callot, Goya, Urs Graf, Hopfer, Mellan, Michel-Ange, Rembrandt, Suavius. »

La salle de conférence était pleine, quelques personnes debout, pour recueillir les propos originaux du conférencier de ce domaine artistique peu connu de Dürer [1471-1528], l’un des plus grands burinistes de son temps et de la gravure en général. Dès l’ouverture du diaporama, Claude-Jean Darmon définit le cadre précis de son intervention, que des images haute-résolution vont accompagner, illustrant et enrichissant le verbe. Une évocation portée par un texte murement élaboré, mettant en relief des mots choisis avec discernement et justesse, et où le rythme de la parole ménage une “respiration” au cœur de la présence picturale, propre à faire découvrir les œuvres présentées à l’écran, dans leur beauté profonde et leur vérité, jusqu’à susciter la réflexion intérieure chez certains.

Claude-Jean Darmon au micro de la conférence (Cl. Gérard Robin)

Une appréciation forte qui fut, – à l’écoute des applaudissements -, partagée par le public, Claude-Jean Darmon concluant, in fine, par ses remerciements aux intervenants pour la qualité de l’iconographie.

Gérard Robin