Recettes estampées, tome II

L’estampe et Chaville

Cette commune de la banlieue ouest, sise entre la forêt de Meudon et celle de Fausses-Reposes, était plus connue dans les années cinquante-soixante du siècle passé, grâce à Pierre Destailles, par le muguet de sa chanson : défilé fleuri annuel, chars et fanfares ! Mais, comme le muguet des bois se faisait de plus en plus rare dans les alentours, cette notoriété printanière déclina et disparut.

Elle renaît aujourd’hui non pas par la grâce des petites clochettes parfumées mais par celle de l’atelier de gravure fondé en 1977 par le grand prix de Rome : Claude Bouscau, et continué depuis par André Bongibault qui l’anime maintenant et que soutient l’association : « Estampe de Chaville ».

Où mène la gastronomie !

Dans cet atelier, qui rassemble des apprentis artistes graveurs et des pointures confirmées, s’est établie au fil du temps une agréable coutume : chaque samedi, les membres de l’atelier partagent un repas où l’on déguste les plats concoctés et apportés par chacun. Cette convivialité est d’ailleurs fort répandue parmi les estampières et estampiers de France et de Navarre qui refusent rarement en ces occasions un hommage à la dive bouteille.

De cette tradition, bien établie et respectée attentivement à Chaville, est née l’idée de rassembler les recettes des mets délectables dont on se régale céans chaque samedi dans un livre dit d’artistes. Ce qui fut dit après boire fut fait. La règle fondatrice était des plus simples : chaque artiste était invité à proposer une recette originale ou pas, mais pas trop sérieuse, mijotée avec son illustration originale, gravée et estampée à feu vif et pressée sur une double page à l’italienne, comme la cuisine du même nom, ouverte de 25 à 50 centimètres sur un papier Hahnemühle de 300 grammes.

Recettes estampées I

Dans le premier tome de ce livre, figurèrent donc les meilleures recettes sélectionnées parmi les nombreuses propositions émanant des cuisines de l’atelier après dégustation des mets élaborés à partir de celles-ci. Le portfolio les reliant portait un titre bellement gravé et imprimé en bleu. Sorti des feux à 70 exemplaires numérotés, il s’ouvrait sur un premier service dont la cloche résonnait dans les couloirs du sleeping Nord-Paris-Méditerranée. On pouvait choisir sur la carte de ce tome I la simplicité succulente et coulante d’un œuf à la coque ou déguster avec gourmandise et lenteur une soupe cosmique ou bien poursuivre outre Méditerranée le voyage exotique avec un estampadon à la pékinoise.

Il va de soi que les soixante-dix convives attablés et alléchés terminèrent vite ce banquet, que le couvert fut rapidement desservi et le tirage, comme les serveurs, épuisé.

“Recettes estampées – tome II”  (Cl. Estampe de Chaville)

Recettes estampées, tome II

Devant un tel succès, l’atelier de Chaville décida de remettre le couvert mais, cette fois, sans sélection préalable, avec des maîtres queux volontaires. Onze artistes graveurs ont répondu à l’appel de nos appétits. L’estampe de Chaville propose ainsi le tome II de ces recettes estampées, toujours sur papier Hahnemühle mais avec un titre en rouge, toujours avec soixante-dix places, ouvertes maintenant pour un deuxième service qu’il ne faut pas rater avant l’arrivée en gare.

Confortablement installé, pour un menu gastronomique à 150 €, on pourra se faire péter la sous-ventrière avec dix plats. Sans s’abandonner à cette extrémité, pour le même prix, on pourra se contenter, d’une entrée : Escargot de Bourgogne à la Szenberg, d’un plat de résistance : Turbot croustillant sauce Grand Duc Dodon et d’un dessert : Tarte aux rares cerises bataves Van Der Veken. Le tout, bien entendu, mais non compris et en sus sur la carte des vins, accompagné d’un nectar idoine.

Le lancement de ce tome II de recettes estampées mais néanmoins typiquement chavilloises s’est fait, du 24 au 30 avril 2017, au siège de Manifestampe, adresse renommée et bien connue des gourmets, sise au 5 de la rue Pierre Sémard à Paris 9°.

“Escargot… tome II” (Cl. Estampe de Chaville)

Comme quelques cartes complètes ont été réservées à l’issue de ce premier voyage du tome II, un autre banquet champêtre est prévu à l’occasion de la Fête de l’estampe à Chaville, du 26 au 28 mai 2017, au 918 avenue Roger Salengro, de 14h à 19h, entrée libre.

Claude Bureau