Pourquoi « Manifestampe » ?

Le nouveau logo de « Manifestampe – Fédération nationale de l’estampe »

Quand ses fondateurs : Dominique Aliadière, Louis-René Berge, Claude Bureau, Catherine Gillet, Dominique Neyrod, Christian Massonet, Maxime Préaud, Céline Chicha-Castex, Michel Cornu et Bruno Gary Thibeau (artistes-graveurs, collectionneur d’estampes, conservateurs à la BnF, imprimeur taille-doucier et fabricant de presses taille-douce) se réunirent à titre personnel ou en représentant une association en 2003-2004, ils avaient une idée claire de l’objectif à atteindre : regrouper tous les acteurs de l’estampe afin de la promouvoir et de mieux la faire connaître auprès du public et des pouvoirs publics grâce, entre autres, à un site Internet. Ils avaient aussi un rêve : ouvrir une « Maison de l’estampe » comme vitrine de cet art toujours actuel. En juin 2004, après une première assemblée à l’Atelier Gustave, le mouvement vers ces buts était lancé. Mais si l’objectif était clair et le rêve partagé, comment fallait-il nommer ce mouvement ?

La communication moderne accorde une place importante au nom de « marque ». Il faut qu’il soit lisible, aisément mémorisable, facilement prononçable et, si possible, évocateur de la « chose » dénommée ainsi. Pour un site Internet, ce nom, s’il est proche de la « chose » facilite les recherches des internautes et permet un bon référencement automatique chez les moteurs de recherche.

Ce mouvement, en cours de formation, cherchait donc un vocable qui comportât le mot estampe dans sa dénomination. Plusieurs solutions furent inventées. Estampagora n’était pas mal et évoquait bien l’espace commun (et démocratique) recherchée. Estampassion proposée aussi s’éloignait un peu de la « chose » car on peut rassembler tous les passionnés mais rester entre soi, sans penser au public. « Manifestampe » formé par la collision de manifeste et d’estampe fut provisoirement adoptée. Cette dénomination était lisible, mémorisable, prononçable et évocatrice de la « chose ». Quelle notoriété allait-il acquérir auprès des acteurs de l’estampe et du public ce nouveau nom ? Nul ne le savait alors.

Le premier logo de Manifestampe – Fédération nationale de l’estampe

Au fil des années ce provisoire « Manifestampe » pour dénommer le mouvement puis la Fédération nationale de l’estampe fit son chemin parmi les acteurs de l’estampe, auprès des pouvoirs publics et, plus important, parmi le public avec le lancement de la Fête de l’estampe en 2013. Comme l’a si bien écrit Maxime Préaud pour résumer la signification de cette dénomination : « Manifestampe ne veut pas dire pleurnicher à la queue leu leu dans les rues en levant vers le ciel un poing rageur plus ou moins taché d’encre. Manifestampe signifie rendre manifeste, visible, évident comme le soleil, l’art de l’estampe, avec ses beautés et ses richesses trop souvent voilées par les brumes de l’indifférence.»

Quant au rêve d’une « Maison de l’estampe », là aussi bien explicité par Maxime Préaud : « Il y a une Maison du café, une Maison du caviar, une Maison de la truffe, une Maison de ceci, une Maison de cela. Il y a des maisons pour tout… Mais pour l’estampe, rien… Il semble bien pourtant que cet art… ait besoin d’une telle vitrine. Une maison pour la création, avec des ateliers pour la démonstration, l’apprentissage du public. Et une maison pour l’exposition, où puissent cohabiter et se succéder toutes les associations de graveurs aussi bien que les graveurs indépendants, où puissent se rencontrer et manifester leur talent les créateurs, les imprimeurs, les éditeurs, voire les marchands, qui travaillent aujourd’hui en ordre dispersé. »

Cette « Maison de l’estampe » demeure encore aujourd’hui un rêve. Pourtant dans ce but « Manifestampe » n’a pas ménagé ni ses efforts ni son énergie ni ses démarches ni ses dossiers ni l’ouverture d’un local préfiguratif rue Pierre Sémard à Paris de 2016 à 2019. Mais ce rêve s’est heurté parfois à l’indifférence des interlocuteurs de la fédération. Il s’est surtout heurté au mur de l’argent, l’argent nécessaire à la location ou à l’achat et à l’entretien d’un lieu permanent et au paiement d’une équipe de salariés capables de le faire vivre. Gageons qu’à l’avenir, les acteurs de l’estampe rassemblés dans « Manifestampe – Fédération nationale de l’estampe », trouvent parmi eux les ressources nécessaires, suscitent l’appui de mécènes partenaires et le soutien indispensable des pouvoirs publics afin que ce rêve puisse un jour se concrétiser.

Claude Bureau.