Pourquoi le 26 mai ?

Logo de la dixième Fête de l’estampe

En cette année 2022, Manifestampe fête la dixième édition de la Fête de l’estampe. Pendant ces dix ans, la notoriété de cet évènement a monté en puissance et il est devenu un rendez-vous annuel des acteurs de l’estampe en France et dans d’autres pays en Europe. Pourquoi avoir choisi cette date du 26 mai pour célébrer comme il se doit l’art de l’estampe ? Voici comment, au moment de la préparation de la première fête, Maxime Préaud argumentait ce choix.

L’art de l’estampe, en Occident, est relativement récent, puisqu’on n’a commencé à l’y pratiquer qu’à la fin du XIVe siècle, se développant en même temps que l’industrie du papier. Il a par conséquent échappé au carcan des communautés de métiers (qu’on a appelées à tort des corporations), qui impliquaient numerus clausus, compagnonnage et maîtrise.

L’essor de la gravure en taille-douce dans la France de Louis XIII et de Louis XIV a donné à plusieurs, en 1644, en 1651 et encore en 1660, l’envie d’en tirer bénéfice en créant une communauté des graveurs et marchands de taille-douce qu’ils pourraient taxer. Ils se heurtèrent à chaque fois à la vive réaction de ceux qu’ils entendaient « maîtriser », avec à leur tête d’abord Abraham Bosse puis Robert Nanteuil. Ce dernier était fort bien en cour, notamment après avoir fait le portrait du jeune Louis XIV, lequel sut entendre les raisons exposées par l’artiste dans un mémoire qu’il avait adressé au chancelier de France, et dont certains éléments sont repris textuellement dans l’arrêt de Saint-Jean-de-Luz du 26 mai 1660, qui annule un arrêt pris dans le sens contraire peu de temps auparavant.

« […] Sa Majesté ayant été informée des mauvaises conséquences que pourrait produire l’exécution de cet arrêt à la gloire de la France dont l’avantage est de cultiver autant qu’il est possible les arts libéraux, tel qu’est celui de la gravure en taille-douce au burin et à l’eau-forte, qui dépend de l’imagination de ses auteurs et ne peut être assujetti à d’autres lois que celles de leur génie, […]

Qu’aucun [des] ouvrages [de cet art] n’étant du nombre des choses nécessaires qui servent à la subsistance de la société civile, mais seulement de celles qui servent à l’ornement, au plaisir et à la curiosité, le débit par conséquent, qui dépend du hasard et de l’inclination, en doit être entièrement libre,

Que ce serait asservir la noblesse de cet art à la discrétion de quelques particuliers qui ne le connaîtraient pas que de le réduire à une maîtrise dont on ne pourrait faire d’expérience régulière et certaine, puisque la manière de chaque auteur de la gravure est différente de celle d’un autre, la diversité y étant aussi grande et aussi nombreuse qu’il peut y avoir de desseins,

Finalement […] Sa Majesté […] a maintenu et gardé, maintient et garde l’art de la gravure en tailles-douces, au burin et à l’eau-forte, et autres manières [quelles] qu’elles soient, et ceux qui [en] font profession, tant régnicoles qu’étrangers, en la liberté qu’ils ont toujours eue de l’exercer dans le royaume, sans qu’ils puissent être réduits en maîtrise ni corps de métier, ni sujets à autres règles ni contrôles, sous quelque nom que ce soit, laissant les choses comme elles ont été jusqu’à présent dans cette profession ».

Ne nous y trompons pas, cette liberté est toute relative : l’absence de maîtrise n’exclut aucunement la censure, et il n’est pas question, sous peine d’être vite embastillé, de produire des images portant atteinte à la personne du Roi, à la religion et aux bonnes mœurs. Néanmoins il y a dans ce texte des mots forts qui permettent de retenir la date du 26 mai 1660 comme un moment important de l’histoire de l’estampe en France.

Aussi pouvons-nous proposer le jour du 26 mai pour une célébration annuelle de l’estampe, sous des formes à définir, toutes les idées étant bienvenues.

Maxime Préaud
Président de Manifestampe

Cet argumentaire était suivi d’un appel à tous les acteurs de l’estampe afin que tous ensemble, le même jour, ils célébrassent l’art de l’estampe partout auprès du public d’amateurs et de curieux.

Appel pour la Fête de l’estampe

Où que vous soyez en France ce jour-là, préparez et organisez un événement, grand ou petit, sur l’art de l’estampe. De prestige ou confidentiel, n’importe, pourvu que l’estampe y soit mise en valeur. Vous pouvez tout imaginer : une exposition, une ostension, une démonstration, une porte ouverte, un atelier en plein air, un stage, un cours, un exposé, une conférence, une table ronde, un carton ouvert dans la rue, l’inauguration d’une plaque, un dépôt de gerbe, une vente aux enchères, une braderie, un collage mural, un kakémono géant, etc. Tout est libre, tout est possible d’imaginer là où vous êtes, à la campagne, en ville, en province ou dans un palais de la République. Surtout faites-nous savoir comment et où vous allez fêter l’art de l’estampe en ce 26 mai 2013.

Le logo de la première Fête de l’estampe

Manifestampe se proposait ensuite de répertorier sur son site Internet tous les évènements qui seraient organisés ce jour-là. Depuis devant son succès qui grandissant d’année en année, un site particulier lui fut consacré qui est maintenant partie intégrante du nouveau site de Manifestampe.

La rédaction