Atelier Pierre Soulages

L’Atelier d’arts plastiques Pierre Soulages
87 bis rue du Petit Château
94220 Charenton le Pont

S’appuyant sur l’Atelier d’arts plastiques Pierre Soulages qui est beaucoup plus qu’un centre culturel et qui dispose d’un équipement varié et de belle qualité dans deux domaines, entre autres, l’estampe et le vitrail, Hervé Gicquel, le maire de Charenton a pris la décision que tous les enfants de CM1/CM2 de sa ville auraient la possibilité d’une initiation à la gravure. Sous la houlette compétente et bienveillante de Sylvie Abélanet, directrice de l’Atelier, aidée par l’artiste Eijiro Ito, ils profitent de deux fois deux heures pour apprendre à regarder une photo, dessiner l’essentiel, manier une pointe sèche ou une gouge, comprendre ce qu’imprimer veut dire.

(Cl. Christine Moissinac)

Chaque séance a été différente, mais le déroulement reste le même : explications sur les principes de la gravure, en taille douce (sur une plaque de zinc ou de Rhénalon) ou en taille d’épargne (sur une plaque de bois ou de lino), nature des encres, manière d’encrer, maniement de la presse et découverte de l’inversion.

(Cl. Christine Moissinac)

Instants magiques que celui où l’enfant introduit un papier noir entre la photo et sa plaque : il voit les traits qu’il a gravés et ceux qu’il pourrait ajouter. Instant magique aussi quand retournant le papier encore humide sortant de la presse, l’estampe apparaît avec ses forces ou ses faiblesses, en tout cas unique, car c’est la sienne !

(Cl. Christine Moissinac)

Trois grandes leçons s’imposent ainsi peu à peu aux enfants : la nécessité d’un temps long pour obtenir une oeuvre, même modeste, la complexité du travail de la main qui doit être à la fois précise et ferme, l’intérêt de construire à chaque étape une réponse personnelle, par exemple choisir entre les détails et l’ensemble, noircir plus ou alléger encore…

Christine Moissinac

Le petit peuple de l’atelier

Exposition de Maxime Préaud
Galerie de l’Échiquier
16 rue de l’Échiquier Paris
avril 2018

(Cl. Christine Moissinac)

« Le petit peuple de l’Atelier » de Maxime Préaud respire la jeunesse et la joie de vivre. Il est fait de quelques objets : des cafetières colorées, avec parfois un verseur bien cambré, des pots et encore des pots, une bouteille qui a vécu, et encore une autre, une gomme, des pinceaux plantés dans un autre pot, et puis là, on se demande pourquoi une statuette africaine. Tous attendent la main de l’artiste qui doit, on ne le voit pas mais on le sent, les saisir avec tendresse, les déplacer pour les rapprocher, faire jouer leurs couleurs, ou encore adoucir l’arrondi d’un pot ou d’une bouteille, simplement leur donner leur pleine valeur. Ces compositions se déclinent avec ces quelques notes, vibrantes de couleur grâce à la technique que Maxime apprécie particulièrement, la plaque perdue, qui implique une progression, couleur par couleur, rigoureuse dans la création et l’impression de l’estampe : probablement pour l’artiste un moment de sérénité et de travail en douceur. Pour le visiteur, cette déclinaison de quelques « syllabes » provoque un regard renouvelé sur des objets si communs, mais si utiles finalement.

Et pour leur rendre hommage, s’est ajoutée une très grande planche, fruit d’un très long mûrissement, les rassemblant tous dans une sorte de parade festive.

« Vue d’une des étagères de mon atelier »,
linogravure (Cl. Maxime Préaud)

Christine Moissinac

Saint-Mihiel : arts du livre

Première biennale des arts du livre
Saint-Mihiel 55300
du 8 au 24 juin 2018
www.afcel.fr

Étape souhaitée sur la future « Route du patrimoine écrit », un ambitieux projet porté par la région et la DRAC-Grand-Est, la ville de Saint-Mihiel, lovée dans la vallée de la Meuse, a plusieurs atouts, à commencer par la présence de l’abbaye bénédictine Saint-Michel, siège, entre autres, de l’Hôtel de ville, et qui renferme une bibliothèque remarquable, réunie par les Bénédictins du IXe siècle à la Révolution : près de 9 000 livres, dont 74 manuscrits et 86 incunables. Déjà, dans les années 1980, une première biennale du livre avait été organisée, qui perdurera durant deux décennies… D’où le désir actuel de renouer avec l’esprit de cet événement, en créant la BIAL ou « Biennale internationale des arts du livre (et de l’estampe) », à l’initiative de Jean-François Chassaing, président de l’AFCEL, l’Association française pour la connaissance de l’ex-libris, cela avec le soutien du maire, Xavier Cochet, et de la municipalité, s’y ajoutant le partenariat de l’Association des amis de la bibliothèque bénédictine.

La salle capitulaire de l’abbaye (C!. Gérard Robin)

Point d’orgue de la manifestation, dans la belle salle capitulaire, les eaux-fortes intemporelles, évocatrices d’architectures oniriques, du talentueux Gérard Trignac : « Le royaume des Immobilités Immortelles ». Des visions superbes et étranges, auxquelles ombres et lumières donnent un relief saisissant, qui ne sont pas sans laisser sourdre une certaine angoisse existentielle, voire une symbolique de vanité. Autre exposition intéressante, sise dans le cloître nord, en forme de cabinet de curiosités, couvrant les murs sans ouvertures, celle de gravures de deux collections privées, qui parcourent les siècles, du XVe au XXIe siècle, les plus anciennes marquées par le temps.

Le  cloître nord avec les collections privées (Cl. Gérard Robin)

Et puis, il y a les ex-libris, issus d’un concours international sur un thème double : « Armistice », pour les artistes de l’estampe, et « Paix », pour les scolaires. Une réussite pour le premier, puisque 128 artistes, provenant de 24 pays, ont répondu, pour un total de 211 ex-libris. Le tout masquant un mur de la salle des mariages.  Présentation qui mériterait un espace plus ample de cimaises pour mettre mieux en valeur les « vignettes ». Quatre prix furent attribués dans chaque catégorie, un choix bien difficile, compte tenu de la qualité générale des créations. Pour « Armistice », le premier prix fut décerné par la ville de Saint-Mihiel à un nouveau venu en gravure : Gildas Menier, fils de Nadejda, avec une belle manière noire au nom de sa mère, qui montre que l’acquisition du talent et du savoir-faire peuvent relever parfois du domaine de la génétique ; le deuxième, au nom de l’AFCEL, honora l’Allemand Josef Werner, pour son « Armistice 1918 » ; le troisième, dû aux Amis de la bibliothèque bénédictine, récompensa la buriniste Hélène Nué pour son « Printemps 1919 » ; et, le quatrième, sélectionné par le Géant des Beaux-Arts, mit en lumière un artiste japonais, Suenaga Motoko. Quant à « Paix », auquel tous les collèges de la Meuse étaient conviés, un seul répondit à l’appel : « Les avrils de Saint-Mihiel », avec des élèves de troisième, proposant au travers de techniques graphiques diverses quelques 25 œuvres fort attachantes…

La présentation des ex-libris du concours (Cl. Gérard Robin)

Hors le palais abbatial, dans la salle multisports voisine, eut lieu du 8 au 10 juin 2018 une exposition animée de démonstrations, avec la présence d’artistes comme Pavel Hlavaty, Claire Illouz, Silvana Martignoni, Nadejda, Hélène Nué, et d’artisans d’art, dont Michel Méchin, de l’association la Typographie d’antan ; Didier Manonviller, des Ateliers Moret et sa presse taille-douce ; Tom Borocco et Mathieu Bœglen, du Conservatoire des arts et techniques graphiques, et leur « bête à cornes »… Signalons aussi, à l’Office de tourisme, agrémenté de quelques gravures anciennes malheureusement un peu mises à l’écart, – dont la très belle « Sainte Face » de Claude Mellan -, la programmation de films de la série « Impressions Fortes », réalisés par Bertrand Renaudineau et Gérard-Emmanuel da Silva, sous les conseils de Maxime Préaud, et d’une conférence : « Quid de l’ex-libris et des techniques d’estampe ».

Donc une manifestation marquante, cependant en manque d’informations dans les offices de tourisme de Lorraine, de Vaucouleurs à Nancy ou Metz. Une impression globale qui pourrait être considérée, selon la terminologie du graveur,  comme un « état », déjà fort estimable mais à parfaire, augurant d’un cycle de biennales à venir qui seront à découvrir à tout prix.

Pour de plus amples informations sur cet événement marquant, se référer aux catalogues 2018 de l’AFCEL : « Connaissance de l’ex-libris » n° 20 (pour la BIAL), et n° 21 (pour le concours et les œuvres).

Gérard Robin