Pour l’amateur d’estampes que je suis, ce 20 septembre fut marquant.
De Mucha
Alphonse Mucha
Musée du Luxembourg
75006 Paris
du 12 septembre 2018 au 27 janvier2019
La promenade commença au Musée du Luxembourg avec un parcours au fil de la vie d’Alphonse Mucha [1860-1939], cet artiste tchèque incomparable, prolifique et talentueux au possible, superbe dessinateur dont le style devint au début du XXe siècle synonyme de l’Art nouveau naissant. Concocté par le commissaire de l’exposition, Tomoko Sato, conservateur de la Fondation Mucha à Prague, on suit Mucha avec bonheur, au travers d’une belle scénographie, de sa bohème à Paris, où il rencontra Sarah Bernhardt, qui sera le sujet de sa première affiche lithographiée, – une création dont le style graphique bouleversera l’esthétisme de l’époque -. Et, on le découvrira : cosmopolite, mystique, patriote, artiste et philosophe. C’est là un portrait vraiment fascinant, illustré d’œuvres et de documents majeurs !
« Rêverie » [1897] – extrait
Alphonse Mucha
Lithographie
Et, de quitter le lieu, en particulier pour moi, – car il y a tant de choses à découvrir -, la tête pleine de lithographies où rayonne la femme, dans toute sa beauté et sa féminité. Du rêve à l’état pur…
à Abeille
Galerie Thomé
19 rue Mazarine
75006 Paris
du 20 septembre au 6 octobre 2018
Ensuite mes pas me conduisirent non loin, passée la place de l’Odéon, vers la rue Mazarine, avec en son milieu l’ouverture d’une nouvelle galerie : la Galerie Thomé, d’André et Bérengère Sinthomez. Pour l’inauguration, initiée avec le sculpteur et correspondant de l’Institut Gualtiero Busato, deux personnalités de l’art : le peintre Patrick Devreux et le sculpteur et académicien Claude Abeille, ce dernier y ajoutant… des gravures ! Si Claude Abeille présente des bronzes évocateurs sans doute de personnages en interrogation sur le réel, sous des formes aux élancements torturés et empreints d’une grande intériorisation, ses burins expriment picturalement une même force, évoquant dans leur état d’être ici « L’arpenteur », là « Le professeur », ou encore, ailleurs, un « Piano ». Une relation plastique symbiotique entre les trois et deux dimensions. Cette ouverture à la gravure, nouvelle dans l’esprit des galeristes, a trouvé un prolongement judicieux et remarquable dans l’invitation d’une troisième personnalité : Claude-Jean Darmon, correspondant de l’Institut, section gravure, et président de la gravure du Salon d’automne à Paris.
« L’Arpenteur »
Claude Abeille
Burin
Pour donner une vision très ouverte sur les « manières » de la gravure, Claude-Jean Darmon, orfèvre de la pointe sèche, – dont il tire élégamment une quintessence de vibrations subtiles -, s’était entouré de graveurs notoires, comme Yvonne Alexieff, avec ses évocations poétiques de la nature, mises en scène à l’eau-forte, au vernis mou, à l’aquatinte ou encore à la manière noire ; comme Carlos Lopez, nouveau président de l’association « La Taille et le Crayon », et qui, à l’eau-forte et sur Chine collé, traduit de belles transpositions de visions perçues de la baie d’un train en marche ; comme le bosniaque Safet Zec, brossant à l’eau-forte ou au vernis mou, rehaussés à la pointe sèche, des mains expressives, faites pour le travail ou la prière.
« Deux mains »
Zafet Zec
Vernis mou et pointe-sèche
Sans oublier, pour lui, au sous-sol voûté, et voisinant avec les œuvres d’Abeille, une grande gravure intitulée « Etreinte ». Au final un ensemble de treize gravures de qualité, pour celles en cimaises, offertes au regard du public. Encore merci à Claude-Jean Darmon pour le choix judicieux. Et, il est prévisible que, pour ses prochaines expositions, André Sinthomez ne se privera pas de joindre aux arts plastiques des « estampiers ».
Gérard Robin