L’invitation au voyage

 

Salle 1er étage (Cl. Gérard Robin)

Laure Prédine
Maison des Arts
15 avenue Albert Petit 92220 Bagneux
12  janvier au 21 mars 2024

À l’orée du parc Richelieu, à Bagneux, l’ancienne demeure d’un médecin vétérinaire, Henri Drieux, rachetée par la ville en 1992, fut transformée en Maison des Arts en 2000. Contiguë à un bâtiment abritant deux ateliers de pratiques artistiques de 70 m2 chacun, une belle exposition occupe une galerie de 140 m2, sur deux étages, dont l’objectif est de présenter la création contemporaine en valorisant les artistes locaux, mais aussi au travers de la démarche d’artistes notoires. Ou les deux ! Ainsi, aujourd’hui, la balnéolaise Laure Prédine, diplômée de l’École Nationale des Arts décoratifs et experte en communication visuelle, qui, en dehors de son propre atelier de gravure de Bagneux, préside à Sceaux (92330) celui dit « La Tarlatane », dont les professeur(e)s, rappelons-le, sont : Isabelle Panaud et Raúl Villullas.

Laure Prédine est une artiste singulière, aux expressions originales et plurielles, composées d’impressions et d’émotions qu’elle transcrit dans des carnets lors de promenades ou de voyages. Dessins et aquarelles sont la mémoire de ses créations estampières, qu’elle transpose pour certaines en leporellos, fresques ou monotypes, avec pour choix la taille d’épargne ou la taille-douce, selon le motif qu’elle veut représenter, selon le ressenti qu’elle veut traduire. Le choix de la technique et de son support est déterminant pour rester fidèle à cela et à ce qu’elle offre en partage.

« Le territoire du lac, parc Montsouris IX » (10×21 cm) (Cl. Gérard Robin)

Son vouloir, tel qu’elle le formule, est d’explorer le monde du vivant, dans ses nuances et ses extrêmes, qu’il soit visible ou invisible… Une démarche générale qui est à la base de son travail créatif, et qu’elle résume en cinq verbes : « Regarder, observer, penser, rêver, transmettre ». Cela ne ce faisant qu’au travers d’une attitude sensible attentive aux coïncidences poétiques, prête à saisir l’instant fugitif qui l’interpelle. Dans le fascicule de présentation de la Maison des Arts, Laure Prédine cite justement quelques vers d’un poème de Charles Baudelaire, tiré des « Fleurs du mal » : « L’Invitation au voyage ». C’est pour cela que j’ai titré ainsi cet article, en parfaite correspondance avec son œuvre.

Le parcours de la galerie correspond véritablement, pour le visiteur, à une telle invitation, agréable d’autant plus que les lieux sont un écrin sympathique pour une telle manifestation. J’ajouterais que durant la visite, de très jeunes scolaires sont venus, et que l’attention fut grande lors de l’apprentissage de base que fit une animatrice… « Luxe, calme et volupté » étaient alors au rendez-vous.

D’abord, au rez-de-chaussée, c’est la découverte de différents procédés de gravure que l’artiste utilise, ajoutant aux estampes, les planches utilisées. Un temps de pédagogie pour bien comprendre l’approche technique. Avec, sur les murs, de belles créations ichtyologiques, colorées. À l’étage les murs sont des cimaises où l’estampe est variété, issue de thématiques diverses, exprimées selon des techniques appropriées à la vision que l’artiste veut transmettre. Tout au long, des tables portent ses livrets accordéon et les carnets qui expriment ses pensées, matérialisent ses visions : des expressions du « vivant », qu’il soit humain, animal ou végétal.

« Être vivant / Nous les humains » « Apparaître » n°7 (18×36 cm leporello plié) (Cl. Gérard Robin)

Tout cela est d’une grande richesse. À vrai dire, pour pénétrer plus dans l’univers mental de cette artiste sensible et attachante, pour bien saisir la profondeur de son art et son exigence de passeuse d’émotions, je conseillerai de poursuivre le voyage au travers de son site, bien illustré par ses œuvres : voir ici.

Gérard Robin