« Clairon » burin d’Olaf Idalie (Cl. Fondation Taylor)
Olaf Idalie, gravures
Fondation Taylor
1 rue La Bruyère 75009 Paris
28 novembre au 21 décembre 2024
Olaf Idalie n’est pas un inconnu dans le monde de l’estampe. Taille-doucier émérite dans son atelier de Paris de la rue du Chemin vert puis de la rue Paul Bert, il y a imprimé de nombreuses estampes pour la Chalcographie du Louvre et pour des artistes graveurs contemporains méconnus ou connus, tel Mario Avati, entre autres. Dans chacun de ses ateliers, au cours de nombreuses expositions où il présentait ses propres gravures ou à l’École Estienne où il professa, il s’est forgé de solides amitiés encouragées par son affabilité et son humour. Retiré maintenant à Sainte-Foy-La-Grande, il continue de pousser son burin dans le cuivre et à imprimer, bon sang de taille-doucier ne saurait mentir, ses cuivres en des tirages impeccables. Parmi les deux cent-vingt burins que comporte son œuvre gravé, il présente ici à la Fondation Taylor une quarantaine d’entre eux choisis dans toute cette production.
« Horloge » burin d’Olaf Idalie (Cl. Fondation Taylor)
Olaf Idalie grave comme il écrit : précis, poétique et ludique. Ses estampes ne tournent jamais dans le grandiloquent. Économe de ses effets, il les cisèle sur des plaques de petit format qu’il juxtapose parfois pour obtenir des moyens formats, comme dans « Le Cavalier », « Les Ancêtres » ou « Combat des Titans ». Adepte de la ligne claire, il épargne son trait virtuose et ne le perd jamais dans l’accessoire. Car dans ses estampes tout tient à celui-ci : suave, charnel, lascif, sensuel, sensible ou voluptueux, en un mot enjôleur de son sujet et du spectateur. À portée de la main et de la rêverie, ce trait charmeur nous capte dans ses motifs circassiens, mythologiques ou fantastiques et dans ceux plus récents et plus abstraits. Étranger aux sensations brutales, il atténue souvent le contraste entre le sillon noir de son burin et le blanc du papier de tirage par du Chine appliqué, un léger roulage ou un essuyage subtil de son cuivre donnant ainsi un fond doré à sa broderie suggestive.
« Allégresse » burin d’Olaf Idalie (Cl. Fondation Taylor)
Sachant bien écrire, il sait le poids des mots et leur pouvoir. Les titres de ses estampes, calligraphiés avec soin sous chacune de ses images, ouvrent ainsi les portes à l’imagination. Ils induisent un autre regard, un regard différent mais attentif à ce trait qu’on poursuit alors sur la plage du papier en fugue avec l’expression poétique ou le mot offert. Un trait discursif vous dis-je ! À aller admirer sans tarder.
Claude Bureau