Galerie L’Angélus

1er décembre 2018
34, Grande Rue – 77630 Barbizon

Ce samedi 1er septembre fut marqué, dans une petite commune du sud Seine & Marne, par l’ouverture – liée à un changement de lieu – d’une galerie dédiée à l’estampe.

L’extérieur de la galerie (Cl. Gérard Robin)

Nous sommes à l’orée du massif forestier bellifontain, à Barbizon. Et face à la Maison-atelier de Jean-François Millet (au n° 27), de l’autre côté de la Grande Rue, voici la galerie L’Angélus (au n° 34), une petite maison à l’architecture intérieure rénovée et joliment adaptée par ses occupants à sa fonction, y intégrant, pour agrémenter l’espace hors cimaises, des sculptures attrayantes. S’y ajoutant, en hauteur dans une grande niche, la réplique en résine d’un grand bronze “Mon Oncle”, réalisé en hommage à Jacques Tati pour la ville de Saint-Maur-des-Fossés (94), et signé Mélanie Quentin…

La galerie est double : celle dans la maison de Jean-François Millet, qui s’attache à présenter les œuvres du maître, ainsi que celles d’autres artistes du XIXe siècle (huiles, aquarelles et dessins), et celle qui ouvre aujourd’hui ses portes. Dans cette dernière, hors la statuaire, c’est l’estampe qui est à l’honneur, dans une grande diversité. En sus de signatures comme Arman, Avati, Braque, Combas, Dali, De Vlaminck, Foujita, Gromaire, Laurencin, Paul, Le Pho, Picasso, Raffaëlli,… on découvre, visibles sur les cimaises de l’entrée, celles de Bernard Buffet, Niki de Saint Phalle, Zao Wou-Ki. Un beau préliminaire, avant de pénétrer sur la gauche dans un espace dédié à l’École de Barbizon et au XIXe, avec Jean-Baptiste Corot, Charles Jacque, Henri Fantin-Latour, Edouard Manet et bien sûr Millet. À droite, un escalier mène à un grand sous-sol dédié à l’estampe contemporaine, avec les graveurs : Guy Braun, François Houtin, Jean Lodge, Mégumimets, Jean-Michel Mathieux-Marie, Marjan Seyedin, Sophie Sirot, Zarko Smeljanic et Mikio Watanabé.

Le rez-de-chaussée de la galerie (Cl. Gérard Robin)

Deux nouveaux artistes avaient été accueillis pour le vernissage.
La pointe-sèchiste Jeanne Clauteaux-Rebillaud, dont le trait direct, rejetant toute incursion dans le vernis et le mordant chimique, sait exprimer, tant dans ses paysages intemporels que ses personnages improbables – une sorte de bestiaire humain, parfois animal –, des évocations toutes brossées de subtiles nuances de valeurs, qui donnent l’impression de lavis, dans des visions originales et fortes, propres à s’enrichir chacune de l’imaginaire de chaque spectateur.

L’aquafortiste Thierry Mortiaux, artiste belge, mélangeur de manières liées à l’eau-forte, mais ne dédaignant pas l’ajout de pointe, qui sait brosser un univers pictural empli d’êtres rabelaisiens, grivois à souhait pour certains, dans des postures parfois de nudité qui choquent mais ravissent à la fois. Une atmosphère que d’aucuns peuvent juger sulfureuse, mais que n’aurait sans doute pas dédaignée un Félicien Rops, et qui se découvre avec plaisir au fil d’une analyse que la curiosité appelle à renouveler…

Le sous-sol de la galerie (Cl. Gérard Robin)

Il nous faudra revenir, pour mieux apprécier les œuvres, car il y avait foule ce soir-là : personnalités locales, amateurs d’estampes, collectionneurs, artistes… Difficile donc de contenir tout ce monde. Et il fallait en ces lieux beaucoup de souplesse pour se glisser entre les invités, afin d’aller observer une estampe, tenter de rejoindre un artiste pour le saluer, ou encore prendre une flûte de bulles pour étancher la soif due aux conversations. On retiendra l’accueil, joint à la compétence professionnelle, des responsables de la galerie, Bachar et Hiam Farhat, qui furent aussi, rappelons-le, à l’origine des deux salons sis à l’espace culturel Marc Jacquet : “Impressions 2016, l’esprit de Barbizon” et “Impressions 2017, sur les pas de Rembrandt”.

La galerie “L’Angélus” jointe à la visite de la Maison-atelier J.-F. Millet forment une destination barbizonnaise à ne pas manquer, le tout pouvant, pour les amoureux de l’art et les curieux, justifier le déplacement, sinon à l’ajouter absolument à une balade printanière ou estivale en forêt de Fontainebleau.

Gérard Robin