Eugène Viala

Exposition à la Fondation Taylor
1 rue La Bruyère 75009 PARIS)
13 mars au 3 mai 2005

L’exposition devrait ravir les amateurs de l’estampe « visionnaire », voire « fantastique ». Environ une centaine de pièces sont présentées, non seulement les eaux-fortes enrichies d’aquatinte et de pointe sèche, mais également des dessins. Elles sont venues pour la plupart du musée Denys-Puech de Rodez (c’est l’occasion, pour l’ignorant qui écrit ces lignes, d’en apprendre l’existence, il ne connaissait que le musée Fenaille, lequel participe aussi) et de la collection de Jean Costecalde.

C’est encore de l’estampe qui se regarde de près (Cl. Maxime Préaud)

Cet amateur passionné de l’œuvre de Viala a en outre réalisé le catalogue raisonné de son œuvre gravé, publié en 2021 (édité par les musées Rodez agglomération et les éditions Liénart) et présenté au musée Fenaille en même temps qu’une première version de l’exposition. Le catalogue est remarquable par sa qualité et son poids, c’est un colossal in-4° de 632 pages ; abondamment illustré, il décrit les 434 estampes produites par l’artiste (il coûte tout de même 59 euros, mais c’est un prix justifié).

Une des pages du catalogue,
où l’on voit Viala se représentant lui-même
en train d’imprimer, eau-forte de 1911 (Cl. Maxime Préaud)

Viala travaille à l’eau-forte, rehaussée souvent d’aquatinte et de pointe sèche. Le noir domine, ce qui convient parfaitement aux sujets qu’il traite, qu’ils soient mythologiques, bibliques ou christiques, rien n’échappant à ses fantasmes particuliers, parfois érotiques (je recommande une remarquable « Tentation de saint Antoine », très originale, sous le n° 452 du catalogue), peuplés d’oiseaux inquiétants avec par-ci par-là de sympathiques dragons.

Cat. 279. « Gestes d’arbres, la Sorcière », entre 1900 et 1909
Eau-forte et aquatinte 32,6 x 25,1 cm
Gravure de la suite « Gestes d’arbres »
Collection particulière © Pierre Soissons

Son œuvre est très personnel, même si les références sont évidentes : on voit tout de suite qu’il a regardé attentivement les « Caprices » de Goya, de même que les estampes publiées d’après les dessins de Victor Hugo, mais il s’agit toujours de moteurs, il ne s’abandonne jamais à l’imitation. Les arbres, qui le passionnent, ont pour la plupart des allures torturées qui font penser aux travaux de Rodolphe Bresdin, qu’il aurait pu rencontrer.

Autoportrait d’Eugène Viala en 1908, plume, lavis et rehauts d’aquarelle. Collection particulière © Pierre Soissons

Autant d’occasions, pour le visiteur sensible et savant que vous serez, de partager la mélancolie que son autoportrait exprime magnifiquement.

Maxime Préaud