Épreuves d’imprimeur

2 octobre au 25 novembre 2018
BnF François Mitterrand
rue Émile Durkheim
75012 Paris

Dans la bibliothèque François Mitterrand, cette exposition d’estampes, imprimées dans l’atelier ou le studio de Franck Bordas, se déroule le long de la galerie est, qui borde la verrière du jardin intérieur, dénommée « allée Julien Cain ». Entre ses pilastres, sur toute la longueur de celle-ci, sur de grands panneaux gris sont accrochées les épreuves en des présentations, consacrées à un artiste ou un thème, que souligne chaque fois un panneau explicatif illustré d’une photographie d’atelier.

L’estampe sait être très petite et intime, comme le timbre-poste, elle sait être aussi monumentale comme dans les compositions d’Albrecht Dürer dans « Le grand char triomphal de l’empereur Maximilien » ou dans les sièges de La Rochelle et le l’île de Ré de Jacques Callot. Ici, le visiteur est convié dans ce registre.du monumental où l’on peut déambuler et admirer ces estampes contemporaines avec le recul suffisant que permet la largeur de l’allée.

L’affiche de l’exposition

Multicolores, spectaculaires et lithographiques, le plus souvent, sont ces épreuves d’imprimeur que l’on peut entendre aux deux sens du mot épreuve : celui désignant le tirage imprimé réservé par l’artiste à l’imprimeur ou celui évoquant le défi lancé à l’imprimeur par les desiderata de l’artiste auquel, en bon artisan, il se doit de répondre. Épreuves réussies haut la main par Franck Bordas.

Sans éliminer les autres, faute de place, on peut citer  : le très classique « Red Shape » de James Brown, imprimé sur une vieille carte géographique dépliée. Les deux très grandes lithographies (160×120 cm) de Gilles Aillaud, deux pages blanches avec, sur l’une, une procession d’éléphants et, sur l’autre, un panorama de savane. Le gigantesque assemblage de Paul Cox : « Carte du temps perpétuel », 24 lithographies dans les couleurs primaires de la quadrichromie et bien d’autres estampes qu’il faut aller admirer de près ou de loin.

Contrairement à ce que laisse supposer la très documentée présentation de la commissaire, Cécile Pocheau-Lesteven, en fait assez peu, somme toute, d’estampes numériques mais une abondance surtout de lithographies avec, en outre, entre deux pilastres, les livres de la collection « Paquebot » surmontés d’un très bel assemblage de xylographies colorées, peuple les murs. On peut toutefois s’interroger sur la pertinence de certaines épreuves numériques présentes, comme celle de Pierre Buraglio : « Collioure en février 2015 », reprographies des pages d’un carnet de croquis ou les agrandissements photographiques de Tim Maguire : « Falling Snow III ».

Une vue de l’allée (Cl. Anne Mandorla)

En revanche, on ne peut que rester bouche bée de stupéfaction ou d’admiration devant la « fresque » numérique, pas moins de 7 mètres de long sur 2 mètres de hauteur, de Philippe Baudelocque : « Univers-Bibliothèque », cosmographie tracée en blanc sur fond noir d’une composition saisissante, commandée spécialement par la BnF.

Une exposition, donc, à ne pas manquer d’autant plus que l’accès en est libre et gratuit nonobstant le passage obligé au sas du contrôle de sécurité.

Claude Bureau