En ces temps de disette respiratoire, amis graveurs, l’apnée du sommeil nous guette.
Qui n’a pas, dans un tracé préparatoire délicat, retenu son souffle ?
Qui n’a pas, dans un grattage, brunissage d’une manière noire ou aquatinte, suspendu les « pompes » de son diaphragme ?
Qui n’a pas, dans une courbe délicate, dans une ligne droite qui n’en finit pas, taillé à l’avant d’une pointe sèche, à l’arrière d’un burin, thésaurisé son gaz carbonique alvéolaire ?
Qui n’a pas, au pinceau trois poils ou plus, sur une eau-forte, une aquatinte, en surface ouverte, fermé la « soupape » respiratoire, afin de tenter d’atteindre une subtilité improbable ?
Gravure en ce jardin (Cl. Rémy Joffrion)
Mais gare, l’apnée délétère nous guette. En ces temps suspendus de confinement, faisons des pauses salvatrices. Ouvrons grand les fenêtres pour insuffler pleinement le bon air vital au virus de la gravure, « Objet rare », Objet d’Art.
Ce serait très regrettable de rester définitivement couchés sur nos matrices ou de rejoindre dans « le grand bleu » de la nuit les abîmes de la vie.
Rémy Joffrion