« Contrastes »
Plurielles estampes édition 2
Exposition au siège de Manifestampe
5 rue Pierre Sémard
75009 Paris
5 au 17 novembre 2019
www.impressionsdencre.fr
Après une belle averse de grêle qui avait rendu les trottoirs parisiens provisoirement immaculés, la nuit hivernale commençait à poindre au-dessus de son ciel nettoyé. Les lumières des devantures faisaient luire toute cette humidité. La voûte du sombre pont de la rue de Bellefond, qui enjambe la rue Pierre Sémard, enfin franchie, sur la gauche du pilier, une lumière blanche perçait l’obscurité. « Entrée libre », proclamait un panonceau affiché sur la vitre. J’entrais librement et promenais mon regard sur les trois murs occupés par cette nouvelle exposition. Au même moment, sans trop prendre garde à mon intrusion, une vente se concluait entre l’artiste de permanence, Tatjana Labossiére, et un amateur d’estampe grec. Contraste entre l’hiver qui s’annonçait à l’extérieur et la chaleureuse lumière de cette exposition.
Vue du mur de droite (Cl. Claude Bureau)
L’idée de cet évènement était née lors d’un voyage aux Indes effectué en 2018 par une dizaine d’artistes du collectif « Impressions d’encre », association fondée par Myoung Nam Kim, professeur de gravure à l’école des Beaux-arts de Versailles. Son but était une exposition au musée Dakshina Chitra à Chennai (République indienne). Cet accrochage parisien prolonge donc cette pérégrination et, pour cette raison, il est sous-titré : « Plurielles estampes édition 2 », ici avec quatorze membres de cette association dont : Laurence Bourcier, Diane de Chamborant, Young Ran Cho, Kyungim Choi, Mary Faure, Carole Forges, Sandrine Grimaud, Catherine Lenoir et Francine Minvielle.
Le pluriel de son titre : « Contrastes » n’est pas usurpé tant l’accrochage, dont témoignent les clichés de cet écho, est fidèle à l’extrême diversité des expressions stampassines présentées. Contrastes aussi des formats, dont les dimensions passent de la carte à jouer, aux petits carrés au coup de planche de Léa Guechounow, puis, à la grande composition noire et blanche, mise en évidence sur le mur du fond, ou le grand kakemono de Hee Jung Jung qui déroule ses forêts aux lisières évanescentes.
Vue du mur du fond (Cl. Claude Bureau)
Contrastes encore entre les supports des estampes : tissus souples, papiers Japon, papiers traditionnels, papiers orientaux effilochés, papiers faits mains par l’artiste, tarlatanes blanches ou bien alourdies d’encres sombres. Contrastes enfin entre les manières : figuratives chez Catherine Schvartz ou bien végétales ou simplement minimalistes dans les grands aplats de Sandrine Grimaud ou, enfin, expressionnistes dans les interrogations métaphysiques de Nicole Parent.
Vue du mur de gauche (Cl. Claude Bureau)
Dommage pour ce bel ensemble que la documentation mise à la disposition du visiteur ait été trop souvent mutique en regard des questions qui m’assaillaient dans la contemplation de telle ou telle estampe. Contraste sans doute entre l’évidence de l’image et le mystère de sa fabrication.
Claude Bureau