Exposition Alain Cazalis
Quai de l’estampe-collectif de graveurs
Tour Saint-Barthélémy
rue Pernelle
17000 La Rochelle
8 au 15 juillet 2019
Comme un jeu de chamboule-tout, des boîtes de conserve étiquetées « Macédoine de déchets marins » s’empilent autour d’un des piliers du XIIe siècle de la Tour Saint-Barthélemy à La Rochelle. A leur base, un amas de ces fameux déchets marins qui polluent nos océans et nos plages. C’est la surprenante vision qui accueille le visiteur dès l’entrée de cette exposition à La Rochelle. Artiste invité par le collectif Quai de l’estampe, Alain Cazalis expose ici une cinquantaine de gravures réalisées ces dernières années aux techniques variées : taille d’épargne sur bois ou linoléum, tracés à la plume, rehauts d’acrylique, d’aquarelle ou de gouache et impressions numériques.
“Macédoine de déchets marins” (Cl. Francine Minvielle)
Le message de l’artiste est clair et fort : « Transmettre à nos descendants une vision du monde plus propre et plus responsable ». Et pourtant, l’impression générale qui ressort des œuvres accrochées sur les panneaux de bois blanc ou sur les pierres ocres de cet ancien clocher est gaie, pimpante, ludique. On entre dans cette exposition sans hésiter comme happé par un attrait festif où le message grave semble se camoufler parmi les couleurs variées, les formes découpées sans souci de la géométrie, le foisonnement des personnages et des objets plus ou moins reconnaissables.
On note aussi, et c’est étonnant pour de la gravure, les nombreux tirages uniques, les impressions sur papiers anciens, japonais ou autres, les combinaisons de techniques sur une même plaque. Pour Alain Cazalis, la gravure offre un immense champ de possibles, d’expérimentations, qui sont autant d’évasions du conventionnel et de la tradition. Il use, sans abus, des rehauts d’aquarelle, d’acrylique ou de gouache, transformant ses tirages en autant de scénettes où l’œil du visiteur fouille les détails pour en comprendre le sens. J’aime aussi ses innombrables petits traits soulignant les motifs comme pour leur donner vie en soulignant leur mouvement. En grand amateur de brocantes, il aime découvrir dans les objets la forme qu’il cherche inconsciemment et qui lui servira de matrice après qu’il l’ait découpée, combinée à d’autres, bricolée à loisir…
Une vue de l’exposition (Cl. Francine Minvielle)
En homme attaché à l’environnement depuis toujours, impliqué dans diverses actions pour sensibiliser les autres à la protection de la nature, Alain Cazalis présente ici un condensé de son souci d’îlien et d’humain. En « migrant qualifié » comme il se définit lui-même sur son autoportrait bleu, il s’intéresse au sort de ces « Navigateurs solitaires » qui parcourent les océans « pour parvenir à leur terre d’asile » en évitant autant que possible les obstacles hétéroclites que sont les déchets rejetés par notre surconsommation. Mais en artiste qu’il est, ce voyage est pour lui « notre tentative éperdue pour éviter les écueils de la vie courante ».
Une autre vue de l’exposition (Cl. Francine Minvielle)
Je laisse au visiteur le soin de découvrir le foisonnement de ses trouvailles picturales pour faire passer un message grave. Il présente ainsi, dans le cadre « splendidement » ancien qu’est la Tour Saint-Barthélemy de La Rochelle, sa vision moderne de la gravure qu’il traite en « multiples non identiques » pour parler de la dégradation actuelle de notre planète.
Francine Minvielle