“La gravure originale”
50 ans d’édition d’estampes
Fondation Taylor
1 rue La Bruyère 75009 Paris
2 au 24 octobre 2020
Les trois éditions 2020 de “La gravure originale”
José San Martin, George Rubel et Cécile Combaz
(Cl. Gérard Robin)
C’est une grande histoire que celle de l’estampe. Ce medium pluriel dans son essence et singulier dans ses capacités expressives multiples qui en firent au fil du temps jusqu’à nos jours un medium d’expression exceptionnel, se place toujours au plus haut de l’échelle des arts de l’image. Une permanence continuelle, antérieure à l’invention de l’imprimerie, imprégnée d’un geste créateur qui remonte à la Préhistoire. Avec parfois des périodes difficiles, comme lorsque apparut la photographie, et plus près de nous quand l’iconosphère prit son ampleur planétaire.
En France, en réaction à ces difficultés, fut alors lancée le mouvement Manifestampe, création légitime pour contrer une perte de lisibilité existentielle de l’estampe, tant dans le grand public que dans l’esprit de certains acteurs du monde de l’art. Des personnalités comme Christian Massonnet, amateur passionné de gravure, Michel Cornu, taille-doucier, Dominique Neyrod, Catherine Gillet, Dominique Aliadière, Claude Bureau, graveurs, Maxime Préaud, Céline Chicha, conservateurs à la BnF, entre autres, en furent les fondateurs et Louis-René Berge, buriniste académicien, le premier président de la Fédération nationale de l’estampe – Manifestampe
Mais, il y avait aussi, parallèlement, et c’est de grande importance, des associations de graveurs qui soutenaient la connaissance de l’art et quelques clubs d’amateurs destinés à satisfaire un public averti et à aider les artistes par des commandes d’édition en souscription. En particulier celui de La Gravure Originale, fondé, lors d’un Manifeste en 1970 par un grand amateur de gravures, Alain Weil, aujourd’hui président d’honneur, et actuellement dirigé par Christian Massonnet. Le Club fête en ce moment son jubilé à la Fondation Taylor, un lieu d’aide ouvert sur les arts plastiques que Jean-Michel Mathieux-Marie a qualifié à juste titre d’être en particulier un havre d’excellence pour l’estampe.
Les deux présidents Alain Weil et Christian Massonnet
(Cl. Gérard Robin)
À l’actif de La Gravure Originale (que je connais et fréquente depuis une vingtaine d’années) 50 ans d’existence qui ont participé à la vitalité de la gravure et de l’estampe en général. Elle s’offre aujourd’hui au regard, au sein d’une exposition exemplaire sur les quatre niveaux de l’immeuble du baron Taylor, du sous-sol à l’atelier. Près de 140 artistes, dans des expressions des plus diverses, sont ici exposés. Un lieu de découvertes et de rencontres, où le port du masque s’oublie presque, tant l’intérêt est grand, donnant une note exotique aux rencontres. Beaucoup d’intérêt donc, sans oublier les conférences qui accompagnent l’événement.
La salle en sous-sol de la Fondation Taylor (Cl. Gérard Robin)
Pour marquer la manifestation, un catalogue de qualité a été édité : 183 pages d’illustrations et de textes, dont celui sous la signature de Michel Melot, ancien directeur au département des estampes et de la photographie de la BnF. On y trouve aussi un rappel des principales “manières” composantes de l’estampe, la relation de contacts lors de visite d’ateliers. Et bien sûr la chronologie des éditions et le répertoire des œuvres exposées. Pour les illustrations, l’esthète pourra regretter un choix de rendu (densité soutenue) peu fidèle à la réalité visuelle des estampes, mais le catalogue mérite de figurer dans les bibliothèques de chacun. Il est symbole d’un moment d’histoire de la gravure originale. Il reste à faire vœu que cette action, dans les moments difficiles que nous vivons, perdure et s’enrichisse de créations nouvelles.
Gérard Robin