Il est un travers bien français : la manie réglementaire administrative d’État. Une chose n’existe que si on l’a réglementairement nommée. La chose devient alors certaine. Quant à l’innommée, elle reste dans les limbes de l’inexistence. Ce travers d’antiques origines perdure aujourd’hui. La Fête de l’estampe célèbre l’anniversaire de l’arrêt dit « de Saint-Jean-de-Luz », rendu en Conseil d’État le 26 mai 1660 grâce au mémoire introduit par Nanteuil. Cet arrêt a fait échapper1 l’estampe et ceux qui la pratiquent à l’emprise des corporations de métiers. Par cet arrêt, le Roy déclarait maintenir tous ceux qui font profession de l’art de la gravure « en la liberté qu’ils ont toujours eue de l’exercer dans le Royaume, sans qu’ils puissent être réduits en Maîtrise ni corps de métier, ni sujets à autre règle ni contrôle. » N’étant par cet arrêt ni ici ni là; ni dans les Beaux-Arts, monopole des Académies, ni dans les métiers, monopole des corporations, l’estampe pouvaient donc jouir d’un bel espace de liberté. Toutefois, l’estampe entrait ainsi dans la convoitise de ces deux puissances : les Beaux-Arts ou les métiers dont on avait ignoré les monopoles. Elles allaient alors se disputer leur souveraineté sur cette belle innommée qui avait esquivé de peu la nomenclature de l’État. Continuer la lecture de « Estampe : art ou métier ? »
« URBS »
La galerie, côté est (Cl. C. Allard)
Exposition « URBS »
Paysages urbains
Chantiers, réseaux routiers et chemins de fer
29 avril au 14 juin 2025
Librairie & Galerie Saint-Michel
17 quai Saint-Michel, Paris Ve
« URBS », tel est le titre générique de l’exposition que présente la Librairie & Galerie Saint-Michel, sur le quai du même nom, quasiment en face de Notre-Dame. Comme tout le monde ne sait pas que le mot d’urbs, en latin, a pour sens usuel la ville1, Constance Allard a jugé bon de préciser en sous-titre que les estampes qu’elle a rassemblées sur les murs de son relativement petit espace chaleureux sont des « Paysages urbains / Chantiers, réseaux routiers et chemins de fer ». J’ai souvent pensé qu’une des différences entre la photographie et l’estampe est que la première conserve la mémoire de la laideur tandis que la seconde la magnifie, par cette espèce de transsubstantiation dont l’art est seul capable.